L’Eglise nous propose de lire Qohèleth en première lecture, et ce pendant deux jours, nous allons donc en profiter.
L’Ancien Testament est divisé en 3 groupes de livres : la Tora (Pentateuque), les Prophètes et les Écrits. Qohèleth fait partie de cette dernière famille de textes qui est composée de 12 livres : les Psaumes, les Proverbes, Le Cantique, Job, Ruth, les Lamentations, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie et les Chroniques.
Le groupe chargé de constituer le canon des écritures saintes au 3ème siècle a voulu créer ce 3ème groupe de textes un peu hétéroclite dans l’idée de montrer qu’il existait un pendant juif aux auteurs tragiques grecs (Sophocle ou Euripide), et que certains auteurs juifs ont aussi réfléchi aux grandes questions existentielles de l’homme. On considère bien souvent ces textes, qui sont plutôt récents (-300/-160), comme des textes de sagesse qui peuvent aider l’homme dans sa recherche d’un art de vivre. Qohèleth et Job sont deux livres dont l’inclusion au canon des textes officiels a pris un certain temps, mais qui ont depuis gagné leurs titres de noblesse.
Alors que Job traite de la question de la justice divine, Qohèleth se pose plutôt la question de la place de l’homme en face de Dieu ; c’est un texte connu pour la phrase « Vanité, tout n’est que vanité » qui dénote un certain scepticisme, voire un fort pessimisme quant aux possibilités de l’homme de changer le cours de sa vie, le tout servi avec une dose d’ironie qu’on ne retrouve dans aucun autre texte de la Bible.
Qohèleth (que l’on appelle aussi l’Ecclésiaste) nous présente un Dieu insaisissable, que l’homme ne parvient ni à comprendre ni à connaître, un dieu qui fait (qui intervient dans la vie des hommes), un dieu qui donne (les clefs du bonheur) et un dieu qui juge. L’homme n’est rien sans Dieu, il convient qu’il sache rester à sa place. Toute tentative de s’éloigner de cette place est vaine, car la mort est là qui veille pour anéantir tout projet. Il reste à l’homme de savoir profiter de la vie que Dieu lui donne (un certain épicurisme apprécié de Voltaire), mais aussi de craindre un Dieu dont il ne sait percer le mystère (ce que Voltaire a mis de côté).
Dans le passage d’aujourd’hui, Qohèleth constate que Dieu a donné à l’homme des choses à faire pour qu’il s’occupe et un temps pour les faire. La conjonction de l’agir de l’homme dans un temps donné par Dieu est une belle chose en soi, mais qui ne permet en rien de comprendre l’œuvre de Dieu.
On peut vivre heureux, certes, mais sans rien comprendre à Dieu.