Nous sommes en plein discours ecclésiastique, qui traite donc des règles et du fonctionnement de la communauté chrétienne. Il faut rapprocher cette parabole du verset 10 « gardez-vous de mépriser aucun de ces petits car je vous le dis, aux cieux leurs anges se tiennent sans cesse auprès de mon Père ». Dans le même passage, Luc parlera des brebis perdues, Matthieu se limite à des brebis égarées, des « petits » qui sont sujets soit au mépris (v.10), soit à une trop grande sévérité (combien de fois devons-nous pardonner au v.21). On peut supposer que Matthieu est plus préoccupé par l’égarement doctrinal de certains au sein de sa communauté que par un égarement moral. N’oublions pas que ce discours s’adresse avant tout aux disciples, cad aux futurs clercs de la communauté chargés de maintenir la cohésion de celle-ci (on parle dans le paragraphe précédent de ceux qui pourraient entraîner la chute des autres, de la responsabilité morale des clercs.)
Pourquoi l’Eglise nous parle de cela aujourd’hui, le 6 décembre ? Tout simplement parce que nous sommes le jour de la saint Nicolas. L’histoire de 3 « petits » enfants « égarés » dans la forêt, qui frappent à la porte d’une chaumière dont la fenêtre est éclairée. Manque de chance, l’habitant est un méchant boucher qui va les tuer, les découper avec son grand couteau et mettre les morceaux au saloir. Passe un évêque qui sera, selon les versions, Nicolas de Bari ou de Sion, en fait Nicolas de Myre (sud de la Turquie actuelle) ; il se fait inviter chez le boucher et demande un peu de petit-salé…le boucher avoue et Saint Nicolas, étendant 3 doigts au-dessus du tonneau, va ressusciter et reconstituer les enfants. Le boucher va devenir le Père Fouettard.
Comme quoi l’Eglise est championne pour récupérer des grands élans de piété populaire…quand ça l’intéresse. Ça sert à quoi ? Nul ne le sait.