Où mettre les pieds

Matthieu 10, 8-15
juillet 11, 2024

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

« Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni sandales ni bâton, car l’ouvrier a droit à sa nourriture.

Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous recevoir et demeurez là jusqu’à votre départ. En entrant dans la maison, saluez-la ; si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix revienne à vous.

Si l’on ne vous accueille pas et si l’on n’écoute pas vos paroles, en quittant cette maison ou cette ville, secouez la poussière de vos pieds. En vérité, je vous le déclare : au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité avec moins de rigueur que cette ville.

Commentaire

C’est la suite du passage d’hier, la mission en Israël. Et la suite des recommandations de Jésus (ou de Matthieu) à ses disciples envoyés en mission. Je voudrais souligner deux points :

  • Il est un peu surprenant de voir Jésus recommander de ne pas prendre de bâton et d’aller pieds-nus. Vu l’état des chemins dans la Palestine d’alors, cela ne paraît ni prudent ni adapté. Les deux tuniques, on comprend bien que ce n’est pas pratique de les porter, mais les sandales ! Il y a en fait deux explications : l’une pourrait être de se présenter comme le fidèle devant Dieu (on doit laisser les sandales et les bâtons à la porte es lieux de culte). L’autre, qui me paraît plus probable, est que les personnes qui jeûnaient marchaient effectivement sans bâton ni sandales : l’idée n’était pas de faire des kilomètres comme un pèlerin, mais au contraire de marcher doucement et en souffrant, comme signe de contrition. C’était aussi une façon d’alerter les autres sur la nécessité de se repentir.
  • Le second point est l’acceptation du missionnaire. Il existait des missionnaires juifs et il y avait des discussions entre rabbins sur le temps qu’il convenait de demeurer chez son hôte. On se souvient que les Lévites vivaient de la charité des autres juifs, mais ils ne pouvaient rester plus de deux jours chez la même personne. L’hospitalité fait partie de la culture palestinienne, encore faut-il savoir ne pas en abuser. La dignité de la maison (digne/pas digne) n’est ni un critère morale ni religieux, il s’agit en fait de la capacité d’une maison à recevoir la parole, à écouter et à croire. On se souvient de Jésus chez Jean qui parlait des âmes que le Père lui avait confiées.

La parole du Christ est pour tous, mais il s’agit pour le missionnaire de savoir utiliser ses forces et son temps avec intelligence : certains publics sont plus réceptifs que d’autres, et il convient de les discerner. C’est probablement pour cette raison que Matthieu leur conseillait de ne pas aller trop loin, de ne pas sortir du territoire d’Israël. Quand on manque de moyens, ce qui est le cas de la mission, il est important de ne pas les gaspiller.

C’est encore vrai de nos jours.

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