Nous allons voir dès aujourd’hui l’explication de la parabole du semeur que nous avons lue hier, quitte à changer l’ordre des lectures du jour : profitons que l’on a encore en tête les 3 situations dans lesquelles le grain ne pousse pas.
Les oiseaux qui dévorent les grains au bord du chemin, c’est Satan qui vient avant que l’homme n’ait compris. Les grains sur la pierre qui sont brûlés par le soleil, c’est un homme sans repère qui se laisse engloutir par la détresse ou la peur de la persécution. Les épines qui asphyxient la jeune plante sont devenues le souci du monde et la séduction des richesses. Et dans ce dernier cas, on peut remarquer que la parole demeure, mais qu’elle est devenue inefficace, sans conséquence.
Nous avons donc bien 3 éléments extérieurs capables de venir perturber la germination de la parole dans le cœur de l’homme.
Ce qui me semble intéressant est d’étudier le lien que Matthieu construit sur l’idée du terrain où tombe le grain.
Dans le 1er cas, il semble que l’homme mette du temps à comprendre et que Satan mette ce temps à profit pour venir voler ce qui commençait à germer dans son cœur. Matthieu parle souvent du fait de comprendre la parole, mais il ne nous donne aucun détail sur ce qui fait que certains comprennent parfaitement (et c’est le cas du rendement maximum), d’autres plus lentement et que d’autres enfin se refusent à comprendre.
Dans le 2ème cas, on comprend que l’homme manque de racines (comme la jeune plante des endroits pierreux) et qu’il se laisse influencer par ses émotions, que ce soit la détresse ou la peur. Il devient « l’homme d’un moment ». Ce qui ressemble assez à la définition de l’homme, n’est-ce pas ?
Et puis dans le 3ème cas, l’homme entend la parole, on peut dire qu’il la comprend aussi (le terme entendre de l’époque signifie aussi l’entendement, la compréhension), mais qu’il choisit de la mettre de côté en donnant la priorité aux choses et aux plaisirs du monde. Je pense que tout le monde voit bien de quoi Matthieu parle.
L’explication est au moins aussi intéressante que la parabole elle-même : Matthieu insiste bien que sur les 4 cas observés, un seul fonctionne de manière positive. Ce que veut dire Matthieu, et qu’il décrit parfaitement bien, c’est que Dieu a bien du mal lui-aussi à faire passer son message à l’homme, qu’il doit lutter de toutes ses forces contre la légèreté de l’homme et que, bien malheureusement, nombreux sont les cas où cela ne marche pas.
Matthieu constate, il ne donne aucune solution pour changer le cœur des hommes. Il y a quelque part une vue assez passive de la nature humaine, une sorte de fatalité : semons la parole, on verra bien ce qui se passera. La question qui nous taraude est la suivante : s’agit-il de 4 hommes distincts, ou les 4 terrains sont-ils en moi ?
Je voudrais vous faire profiter d’un passage d’Esaïe relatif à ce sujet (55.10-11) « C'est que, comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l'avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma parole du moment qu'elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l'avais envoyée. » Il semble que Mathieu ait été un peu moins optimiste.