Il faut bien considérer que ce passage vient se mettre juste après le commentaire sur le joug léger, en opposition aux règles pesantes des pharisiens. Il nous donne encore une fois l’opportunité de relire un certain nombre de textes anciens :
Deutéronome 23.25 « Si tu entres dans la vigne de ton prochain, tu mangeras du raisin autant que tu veux, à satiété ; mais tu ne dois pas en emporter. » Ce n’est certainement pas sur ce texte que se basent les pharisiens pour condamner les disciples.
Il existe en revanche plusieurs décrets talmudiques qui identifient les 39 interdictions du Sabbat, dont récolter (on ajoutera plus tard avec un outil), battre le grain, vanner, moudre, tamiser, pétrir…
1 Samuel 21.5 « Le prêtre répondit à David : « Je n'ai pas sous la main de pain ordinaire, mais il y a du pain consacré, si toutefois les garçons se sont gardés des femmes. » David répondit au prêtre : « Bien sûr, les femmes nous ont été interdites, comme précédemment, quand je partais en campagne : les affaires des garçons étaient en état de sainteté. Ce voyage-ci est profane, mais vraiment, aujourd'hui, il sera sanctifié par les affaires. » Le prêtre lui donna donc du pain consacré, car il n'y avait pas là d'autre pain que les pains d'oblation, ceux qu'on retire de la table du SEIGNEUR, pour y mettre du pain chaud, le jour où on le prend. » Autant Marc que Luc vont faire appel à ce passage de Samuel, non tant pour invoquer le droit à la nourriture en cas de faim que pour invoquer la figure de David, qui peut manger le pain sacré. Si Jésus est le Messie Davidique, alors ses disciples peuvent aussi avoir accès au pain interdit.
Nombres 28.9 « Le jour du sabbat, on offrira deux agneaux d'un an sans défaut, avec une offrande de deux dixièmes de farine pétrie à l'huile et la libation requise ». Si les prêtres peuvent pétrir le jour du sabbat, alors le Messie aussi.
Osée 6.6 « Car c'est l'amour qui me plaît, non le sacrifice ; et la connaissance de Dieu, je la préfère aux holocaustes. »
Michée 6.6 « Avec quoi me présenter devant le SEIGNEUR, m'incliner devant le Dieu de là-haut ? Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes ? Avec des veaux d'un an ? Le SEIGNEUR voudra-t-il des milliers de béliers ? des quantités de torrents d'huile ? Donnerai-je mon premier-né pour prix de ma révolte ? Et l'enfant de ma chair pour mon propre péché ? On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR exige de toi : Rien d'autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t'appliquer à marcher avec ton Dieu ».
On retrouve cette idée de Matthieu qui veut élargir la notion de miséricorde aux pécheurs et aux païens : préférer une vraie miséricorde à la piété orgueilleuse des pharisiens.