Matthieu nous parle de Matthieu…enfin, l’évangéliste nous parle de l’apôtre. Alors que Luc et Marc parlent de Lévi, Matthieu insiste lui sur le nom de Matthieu, le don de Dieu. Le but de ce passage est de nous décrire l’autorité de Jésus qui appelle les pécheurs.
Il nous faut faire un aparté sur la notion de pécheur. Dans le monde grec, le pécheur est celui qui transgresse les lois ou les coutumes. Dans le monde juif, le pécheur est celui qui s’oppose au juste, le juste étant celui qui suit à la lettre les commandements rabbiniques. On peut en déduire que parmi les pécheurs se trouvent certes des païens ou des athées, mais probablement aussi des craignant-Dieu, ceux qui tout en appartenant au monde juif n’en suivent pas le culte ; on dirait de nos jours les fidèles non-pratiquants. Or pour les pharisiens, ces pêcheurs sont la cause de tous les malheurs d’Israël : ils souillent la Terre, ils profanent le nom du Seigneur, ils font partir la Sékina (présence de Dieu), ils font tomber Israël sous l’épée, ils font exiler les justes de leur terre. On comprend mieux ainsi la haine ou la peur que ces pharisiens cultivent à l’égard de ces pécheurs. Mais on comprend aussi pourquoi Jésus les apprécie particulièrement : pour certains, ce sont des déçus de la religion juive à cause des obligations que les rabbins imposent, mais ils ont probablement sensibles à la notion de Dieu, ce qui fait d’eux une cible facile.
C’est ainsi que les pécheurs seraient pour Jésus des malades qui s’ignorent. Si Jésus peut leur montrer qu’on peut vivre sa foi en Dieu sans avoir à supporter les commandements superflus (ceux qui ne sont pas liés à l’amour), alors ils vont rejoindre son groupe.