Nous avons lu la version de Marc le 16 janvier dernier. Bien entendu, pendant le carême, nous sommes supposés parler de jeûne. On se souvient que les représentants de Jean-Baptiste posent des questions sur le fait que les disciples ne jeûnent pas, et Jésus répondra en faisant allusion à l’époux, une expression pour introduire Dieu. Et Jésus leur dit que tant qu’il sera sur terre, ses disciples ne jeûnerons plus, mais qu’ils vont le faire dès son départ.
Peut-être pourrions-nous revenir à la 1ère lecture, Esaïe 58 ? Nous sommes dans le 3ème Isaïe, au retour de l’exil, alors que les juifs revenus et les juifs restés se disputent. Il semblerait que ceux qui reviennent soient plus fervents que ceux qui sont restés car ces derniers auraient été un peu pollués par les pratiques païennes de l’envahisseur, et Dieu rouspète après eux au travers de la voix du prophète. Et voici ses reproches à propos de la pénitence :
« Appelle à plein gosier, ne te ménage pas, comme la trompette, enfle ta voix, annonce à mon peuple ses révoltes, à la maison de Jacob ses fautes.
C'est moi que jour après jour ils consultent, c'est à connaître mes chemins qu'ils mettent leur plaisir, comme une nation qui a pratiqué la justice et n'a pas abandonné le droit de son Dieu. Ils exigent de moi des jugements selon la justice, ils mettent leur plaisir dans la proximité de Dieu :
« Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas, de nous humilier, si tu ne le sais pas ? » Or, le jour de votre jeûne, vous savez tomber sur une bonne affaire, et tous vos gens de peine, vous les brutalisez ! Or vous jeûnez tout en cherchant querelle et dispute et en frappant du poing méchamment ! Vous ne jeûnez pas comme il convient en un jour où vous voulez faire entendre là-haut votre voix.
Doit-il être comme cela, le jeûne que je préfère, le jour où l'homme s'humilie ? S'agit-il de courber la tête comme un jonc, d'étaler en litière sac et cendre ? Est-ce pour cela que tu proclames un jeûne, un jour en faveur auprès du SEIGNEUR ?
Le jeûne que je préfère, n'est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs !
N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu'un nu, tu le couvriras : devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas.
Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ton rétablissement s'opérera très vite. Ta justice marchera devant toi et la gloire du SEIGNEUR sera ton arrière-garde.
Alors tu appelleras et le SEIGNEUR répondra, tu héleras et il dira : « Me voici ! »
On constate donc que dès -540, il y a un certain nombre de fidèles juifs qui en prennent à leur aise avec les pratiques pénitentielles, que cela était encore vrai du temps de Jésus et qu’il faut bien reconnaître que certains chrétiens ne font pas mieux de nos jours.