Matthieu a mis ensemble l’appel de Lévi (le publicain, l’homme des impôts), le « toi, suis-moi » déjà pratiqué pour les 4 premiers disciples au bord du lac, avec le repas au milieu des pécheurs. Suit une controverse que nous ne pouvons trouver que sympathique.
Le texte de base est le livre du prophète Osée 6,3-6 « Car c'est l'amour qui me plaît, non le sacrifice ; et la connaissance de Dieu, je la préfère aux holocaustes ». Osée et Amos sont deux prophètes du Nord qui ont vécu l’invasion par les Assyriens (-722) et qui ont ouvertement critiqué une certaine lourdeur des rites pratiqués dans leur pays. Ils se préparait aussi à l’attaque de religions extérieures qui allaient détruire leur temples.
La critique attaque la définition des miséricordes selon la religion juive ; ces miséricordes sont peu définies dans la Torah, elles sont plutôt le fruit de la tradition rabbinique qui cherchait une alternative aux sacrifices du Temple détruit. On trouve dans Esaïe la lutte contre la méchanceté, contre la servitude, contre l’oppression, le partage du pain avec l’affamé, le toit pour celui qui n’en a pas, le vêtement pour l’homme nu…L’idée de Matthieu serait d’y ajouter un peu de considération pour le pécheur.
Thomas d’Aquin ira jusqu’à définir les 7 œuvres de miséricorde :
1- Conseiller ceux qui sont dans le doute
2- Enseigner les ignorants
3- Avertir les pécheurs
4- Consoler les affligés
5- Pardonner les offenses
6- Supporter patiemment les gens ennuyeux
7- Prier Dieu pour les morts et pour les vivants
Ce que Matthieu ne développe pas dans ce passage est la définition du pécheur, mais il y a fort à parier qu’elle soit un peu différente de celle de ses frères juifs.