Il semble que Matthieu y va un peu fort sur ce sujet : la haine de l’ennemi n’est pas vraiment caractérisée dans l’ancien testament, bien au contraire :
Lévitique 19.17 « N'aie aucune pensée de haine contre ton frère, mais n'hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d'un péché à son égard ; ne te venge pas et ne sois pas rancunier à l'égard des fils de ton peuple : c'est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C'est moi, le SEIGNEUR ».
Exode 23.4 « Quand tu tomberas sur le bœuf de ton ennemi, ou sur son âne, égarés, tu les lui ramèneras. Quand tu verras l'âne de celui qui t'en veut gisant sous son fardeau, loin de l'abandonner, tu l'aideras à ordonner la charge ».
Proverbe 25.21 « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s'il a soif, donne-lui à boire »
Ce n’est que dans les psaumes 58 et 69 qu’on commence à voire apparaître des choses pas très gentilles :
Psaume 58.7 « Dieu ! casse-leur les dents dans la gueule ; SEIGNEUR, démolis les crocs de ces lions. Qu'ils s'écoulent comme les eaux qui s'en vont ! Que Dieu ajuste ses flèches, et les voici fauchés ! Qu'ils soient comme la limace qui s'en va en bave ! Comme le fœtus avorté, qu'ils ne voient pas le soleil ! »
Psaume 69.23 « Que leur table devienne pour eux un piège, et pour leurs amis, un traquenard ! Que leurs yeux s'obscurcissent et ne voient plus ; fais-leur sans cesse ployer les reins. Répands sur eux ta fureur ; que ton ardente colère les atteigne ! Que leur campement soit ravagé, que nul n'habite sous leurs tentes, qu'ils soient effacés du livre de vie, qu'ils ne soient pas inscrits avec les justes ! »
Il est bien vrai que l’on peut trouver tout et son contraire dans les lignes de la bible. Matthieu met en valeur une exigence d’altruisme parfait, atteindre la perception du Père. Rien de très nouveau si on en croit le Lévitique 19.2 « Parle à toute la communauté des fils d'Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car je suis saint, moi, le SEIGNEUR, votre Dieu. »
Dieu en effet ne fait aucune différence entre les hommes quand il s’agit d’envoyer du soleil et de la pluie ; à nous de ne pas faire de distinction non plus dans la distribution de notre amour ou de notre bienveillance. Nous sommes très proches du texte de la joue tendue, il nous faut prendre d’assaut notre ennemi à coups de gestes d’amour pour être certain de bien l’émouvoir et l’ébranler.