Il y a deux idées dans ce petit texte qui est repris par Luc en Lc 9, 57-60 d’une manière très semblable. La première est le fait que Jésus est toujours sur la route, en perpétuel itinérance jusqu’à la croix. Les disciples sont appelés à le suivre sur le chemin, dans le sens d’une mission sans terme, une vie sans domicile fixe car l’importance de la mission est au-dessus d’une quelconque idée de repos ou de pause.
La seconde est la notion des priorités. Le texte fait appel à deux images du mot « mort ». Ceux qui enterrent sont les juifs qui ont refusé Jésus et qui sont donc condamnés à rester dans leur petite mort. Ceux qui sont enterrés sont effectivement les cadavres, mais Matthieu insiste « leurs morts » : il s’agit donc des cadavres de ceux qui n’ont pas accepté le message de Jésus sur la vie en plénitude, la vie éternelle.
Comme toujours chez Matthieu, il y a une culture juive en cause : celle d’enterrer les morts vient de l’obligation d’honorer ses parents (Exode 20 et Deutéronome 5), puis de l’application au rite funéraire dans le Siracide (l’ecclésiastique). Nous avons vu hier que Jésus a horreur des rites funéraires juifs et des pleurs et des lamentations. Allez lire 1 Rois 19, 19-21, vous verrez qu’Elisée va dire adieu à ses parents avant de rejoindre Elie pour le suivre ; de toute évidence ce n’est pas l’option de Jésus. En général la Bible n’aime pas le regard en arrière, on se souvient de la femme de Loth en Genèse 19 qui s’est retournée sur les ruines de Sodome et s’est retrouvée en statue de sel.
Ce que Matthieu met en valeur ici est l’appel irrésistible de Jésus : on se souvient que les premiers apôtres ont tout laissé tomber à la minute pour suivre Jésus.