Jésus était-il vraiment conscient de la violence qui allait se déchaîner de la part des juifs contre les chrétiens ? Pa si sûr, puisqu’il était souvent invité à la table des pharisiens et que l’on sait bien que c’est surtout après 70 que la guerre va se déclarer. Certes Jésus doit savoir ce qui va se passer avec lui, mais cela faisant partie du plan divin, il n’est pas certain qu’avant sa passion il ait déjà parlé de la chasse aux chrétiens. Marc en a parlé, ainsi que Luc et Matthieu, car au moment où ils écrivent leurs évangiles, il y a déjà de nombreux problèmes entre juifs et chrétiens, avec des accusations dans les sanhédrins et quelques mises à mort pour blasphème. Néron en 64 va organiser une chasse aux chrétiens après le grand incendie, mais cette persécution se limite à Rome ; celle de Domitien en 86 se passera aussi À Rome et tiendra plus d’une bataille politique que d’une persécution en masse. C’est le rôle des sanhédrins de province (composés de 23 notables de la synagogue) de régler un certain nombre de problèmes religieux, et on n’hésite pas si nécessaire à employer la force. Il est donc important pour les évangélistes d’encourager une résistance jusqu’au-boutiste, pour protéger leurs communautés.
Si on parle de cela aujourd’hui, c’est parce que l’église fête la Saint- Etienne qui est considéré comme le premier des martyrs chrétiens. C’est à Jérusalem qu’il comparait devant le grand sanhédrin (70 sages) pour répondre à 4 accusations de blasphème, contre Dieu, contre Moïse, contre la Loi et contre le temple. Sa défense nous est racontée en Actes des Apôtres 7, elle est brillamment argumentée (ce qui explique assez bien le fait que c’est l’Esprit Saint qui a fait l’avocat). Puis à la fin du discours, Etienne s’en prend au Sanhédrin « Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles ». Du coup les juifs « se sont mis à grincer des dents contre Etienne » et l’ont lapidé. Ce fut probablement en l’an 32 ou 36.
C’est cela, tenir jusqu’à la fin. Encore aujourd’hui, dans de nombreux pays. Et très souvent sans être aussi provocateur que ne l’a été Etienne.