Vous avez repéré que nous sommes au chapitre 17 et que nous continuons notre conversation d’hier sur Jean-Baptiste, qui était au chapitre 11 ; cette conversation sur Elie fait suite chez Matthieu à la transfiguration : la salade est bien mélangée chez Matthieu, il faut savoir bouger les pages d’avant en arrière et d’arrière vers l’avant.
L’histoire se trouve dans le livre de Malachie, le dernier livre prophétique, daté de -470 environ : ceux qui l’ont voulu sont déjà rentrés d’exil, le temple fonctionne, tout va bien mais le peuple est découragé, car le messie n’est pas encore venu. En Ml 3.1 : « voilà, j’envoie mon messager, il aplanira le chemin devant moi ». Ce qui nous rappelle la voix qui crie dans le désert.
En Ml 3.23 : « Voici que je vais vous envoyer Elie, le prophète, avant que ne vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères » Le parallèle est facile : si Jésus est Dieu, alors Jean est Élie, et il est en prison.
Jésus va annoncer plusieurs fois sa passion, ici sans parler de la résurrection ; c’est en tout cas ce que Matthieu affirme. Il nous montre l’obéissance du Christ au programme défini par son Père, pas du tout une résignation à un destin funeste, à une fatalité incontournable.
On doit lire aujourd’hui un passage du Siracide, un livre un peu bizarre écrit en -200 par Ben Sira, un livre de sagesse plus qu’un livre prophétique : « Le prophète Elie se leva comme un feu, sa parole brûlait comme une torche…quelle gloire tu t’es acquise, Elie, par tes prodiges. Qui pourra s’enorgueillir de te ressembler ? Toi qui fus désigné…pour apaiser la colère avant qu’elle ne se déchaine, ramener le cœur du père vers le fils et rétablir les tribus de Jacob, Heureux ceux qui t’ont vu. »
Ben Sari a bien lu Malachie. Et on se rend bien compte que la venue de Dieu pour le jugement dernier préoccupe grandement les juifs…un jour grand et redoutable, en tout cas redouté.