Après nous avoir parlé du mariage (et de la répudiation) et des enfants, Jésus vient nous parler maintenant de l’argent, et comme vous l’imaginez bien, j’en suis sûr, ce passage d’évangile ne va pas beaucoup nous plaire.
Le premier commandement, celui d’aimer Dieu, est en fait assez simple à respecter : il suffit d’obéir à la loi et comme l’image de Dieu est quand même assez floue, il n’est pas très difficile de s’en faire une que l’on puisse aimer. Le problème est toujours le deuxième commandement, celui d’aimer son prochain. Sachant que le prochain pour Jésus n’est pas celui qui nous est proche, il n’est pas celui qui vit à notre proximité, sous notre toi. Non Jésus nous le dit un peu plus loin, le prochain est celui qui a faim, qui a soif, qui est nu…bref, celui qu’on ne veut pas trop voir.
Ce qui nous ennuie dans cette évangile est qu’on sait bien que Jésus a parfaitement raison. Avoir une grosse voiture n’est pas le meilleur moyen de rencontrer les sans-abris, pas plus que le tailleur Chanel permet de connaître les réfugiés dans un camp de Grèce, et se présenter aux portes d’une prison avec des billets plein les poches peut s’avérer dangereux. L’argent met effectivement une barrière entre les riches et les pauvres et bien souvent, c’est même à cela qu’il sert, à protéger les riches des pauvres. On sait bien que plus on en a plus on en veut et moins on a envie d’en donner à n’importe qui (on parle alors de gaspiller son argent ou de le jeter par les fenêtres). On tend à réserver son bien à ses héritiers directs. Et si on peut, on reste entre soi, on évite de se mélanger aux autres…Donc oui, l’argent est un problème.
Et je pense que cela va plus loin en fait. Quel petit garçon n’a pas rêvé en effet d’avoir un jour une grosse bagnole avec du fric, le succès, le pouvoir, et les filles ? Quelle petite fille n’a pas rêvé de belles robes, d’avoir du style, un bel appartement et une foule d’admirateurs ? Quel autre personne (remarquez mon application de la théorie du genre) n’a jamais rêvé de passer l’hiver dans des îles paradisiaques avec des billets plein les poches ? On voit donc qu’il y a un ravin entre notre monde d’humains et le monde de Dieu, et que dès le début, nos rêves terrestres sont à peu près opposés au monde de Dieu. Pas les mêmes priorités, pas les mêmes logiques, pas la même mathématique, tout nous oppose.
Alors que devons-nous faire si nous ne sommes pas pauvres ? Eh bien il n’y a pas de solution miracle, il nous faut s’adapter, louvoyer, jongler. Donner quand on peut, faire en sorte que notre argent soit utile aux pauvres, et tout faire pour servir son prochain, indépendamment de ses moyens. En gardant l’espoir que Dieu verra en notre cœur la pureté de nos intentions, car à la fin, comme le dit Marc, c’est lui qui nous choisit et pas le contraire.
Reconnaissons-le, les riches démarrent avec un gros handicap. A nous d’en faire un peu plus pour arriver à le dépasser et se mettre quand même dans les pas de Jésus, et surtout ne pas s’en aller tout triste…