Nous sommes à la suite du passage que nous avons lu dimanche dernier : que puis-je faire pour vous ? Une question ouverte et limpide que Jésus veut à la base du service aux autres. Alors que les fils de Zébédée demandent une faveur (que Jésus ne va pas accomplir puisque ce sera le rôle de son père), cet aveugle demande la vue, comme si ce n’était pas évident ! De quoi mettre encore un peu plus dans l’embarras nos deux disciples.
Il faut bien se mettre dans la perspective du récit de Marc : amener le lecteur à découvrir la vraie nature de Jésus. En ce sens, on ne peut que s’amuser de l’humour de Marc : l’aveugle reconnaît la nature messianique de Jésus sans même le voir, alors que la plupart des disciples ont encore du mal à voir Jésus dans sa réalité. Petit point de détail par rapport à cet aveugle mendiant : on a découvert dans un texte de Qumran que les juifs soupçonnaient les aveugles d’être impurs car étant incapables de repérer une chose impure (un cadavre par exemple), ils montraient un risque élevé de se contaminer par un contact inapproprié.
Il faut aussi se souvenir de la guérison de l’aveugle de Béthsaïda au chapitre 8.22 : Jésus avait eu du mal, il avait dû s’y prendre à deux fois car l’aveugle y voyait encore flou. Et on avait fait le commentaire que Marc jouait sur la comparaison avec la difficulté rencontrée par les disciples pour lutter contre leur aveuglement. Aujourd’hui, Jésus n’a même pas besoin de faire un geste pour que l’aveugle soit guéri : c’est donc que du côté des disciples, la compréhension s’est bien améliorée (il est temps, nous arrivons à Jérusalem).
Avant même d’être guéri, l’aveugle Bartimée se défait de son manteau pour suivre Jésus, comme un disciple doit se débarrasser de ses vieilles habitudes. C’est par ce geste que l’on peut comprendre la foi de Bartimée qui saute de joie avant même que Jésus n’ait levé le petit doigt. On comprend qu’il deviennent proches immédiatement, le terme Rabbouni étant celui employé par Marie-Madelaine à la vue de Jésus au tombeau (Jn 20.6).
Terminons sur la 1ère lecture de ce jour, Jérémie 31.8 « Je vais les amener du pays du nord, les rassembler du bout du monde. Parmi eux, des aveugles, des impotents, des femmes enceintes et des femmes en couches, ils reviennent ici, foule immense. Ils arrivent tout en pleurs, ils crient : « Grâce ! » et je les pousse : je les dirige vers des vallées bien arrosées par un chemin uni où ils ne trébuchent pas. Oui, je deviens un père pour Israël, Ephraïm est mon fils aîné.
Rabbouni, Abba…Petit papa !