Deuxième annonce chez Marc de la passion et de la résurrection ; on se souvient qu’en 8.31, le Sanhédrin était responsable de ce qui allait arriver à Jésus. Ici c’est l’humanité tout entière qui va être responsable.
On se souvient de la réaction de Pierre à la 1ère annonce et de la façon dont il s’était fait rabrouer par Jésus (« arrière Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu »). Il semble bien que les disciples s’en souviennent, qui n’osent même plus interroger Jésus et qui préfèrent la sourde oreille.
Et pourtant. La question de la pensée des hommes est toujours au premier plan, et il faut bien reconnaître que les hommes ne se montrent pas très grands aujourd’hui : alors que Jésus annonce sa mort et ses souffrances, les gamins ne pensent qu’à se comparer dans une histoire de succession que Trocmé qualifiera de plutôt malvenue et ridicule.
La parabole avec l’enfant pourrait être comprise de deux façons :
La première serait un appel à l’humilité de façon à ce que les disciples soient bien accueillis dans leur mission : accueillir un disciple comme on accueille un enfant, c’est accueillir le Père.
La seconde, et c’est probablement la meilleure, est un appel à l’humilité pour accueillir ceux qui sont petits et faibles dans la communauté. On sait bien qu’il y avait des tensions entre juifs et païens, entre anciens et nouveaux, et Jésus passerait le message que plutôt de se préoccuper de la tête de la pyramide, les disciples feraient mieux de s’occuper de sa base. Il s’agit d’un appel au service, ou plutôt du rappel à toute la communauté de l’importance du service aux plus faibles.
Marc nous rappelle que les pensées de Dieu sont sensiblement différentes des pensées humaines, et il est important de s’en souvenir. Cet enfant que Jésus nous colle sur la figure, ce n’est pas qu’un pauvre type qui a faim sur le trottoir, c’est aussi un frère assis sur un même banc d’église et qui n’a pas la force ou la capacité de travailler un peu sérieusement les textes qu’on lui lit à la messe et sur lequel je risque de poser un œil trop condescendant. L’enfant de Jésus n’est pas qu’un joli bébé qui fait risette, il est aussi le gosse qui braille et qui sent mauvais et qu’il faut supporter dans tous les sens du terme.
C’est quand même plus facile de vouloir être le premier !