Il semble qu’au milieu de cette bande d’andouilles, seul Pierre ait un peu de jugeotte en ayant compris le premier qui était vraiment Jésus. Il semble que les autres aient toujours une vue un peu floue.
Mais Pierre se trompe, qui voit en Jésus le messie à la mode juive, cad celui qui va remettre Israël dans sa grandeur originale sur le trône de David. C’est pour cela qu’il réagit lorsque Jésus commence à parler de souffrances et de mise à mort, ce programme ne convient pas à un envoyé royal, il y a erreur de casting.
Et Jésus se doit donc de reprendre assez sévèrement Pierre, en lui disant que les choses ne vont pas se passer comme il les imagine, mais comme Dieu le décide. Il faut ajouter que le texte est difficile pour nous, car il y a une polémique sous-jacente au nom que Pierre veut donner à Dieu : il dit Christ, Jésus répond Fils de l’homme.
Ce passage nous montre un des cahots sur la route de l’identification de Jésus : les disciples ne voient rien, Pierre croit voire, on a cru tenir un bout de la vérité. Sauf que l’image d’un Dieu Maître du monde, en tout cas d’Israël, n’est pas la bonne. Jésus nous présente un Dieu « low profile », pas une star de la télé. C’est un problème pour qui pense qu’un Dieu puissant se doit de le montrer.
Jésus va annoncer au moins 3 fois sa passion et sa résurrection, mais personne ne va y croire tant cette annonce est contraire à l’imaginaire humain de ce qu’est Dieu.
Cette marche vers l’identité réelle de Jésus que nous propose Marc va se heurter à plusieurs difficultés. Il s’agit bien plus qu’un jeu de devinettes, il va aussi falloir que la réalité qui se découvre puisse être acceptée par les disciples, mais aussi par les lecteurs, et enfin par nous. Nous avons besoin de nous faire une image de Dieu pour croire en lui, certes ; mais est-on bien sûr que cette image respecte la réalité de Dieu, n’est-elle pas une image inventée ? En un mot, si j’avais été disciple, j’aurais moi aussi été paumé.