Ce passage que l’on retrouve chez Marc et chez Matthieu nous parle de l’échec de la prédication de Jésus dans sa ville d’enfance, Nazareth. Il vient de lire à la synagogue un passage d’Esaïe 61 « L'Esprit du Seigneur DIEU est sur moi. Le SEIGNEUR, en effet, a fait de moi un messie, il m'a envoyé porter joyeux message aux humiliés, panser ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs l'évasion, aux prisonniers l'éblouissement, proclamer l'année de la faveur du SEIGNEUR, le jour de la vengeance de notre Dieu, réconforter tous les endeuillés » dans lequel il se présente comme le messie, en disant « voilà c’est aujourd’hui et c’est moi ». Ces anciens voisins n’apprécient guère (« n’est-ce pas là le fils de Joseph le charpentier ») qui demandent des signes, cad des guérisons comme ils savent que Jésus en a fait à Capharnaüm. Jésus qui sent que cela ne passe pas tente de rapporter cet échec à un adage ancien qui serait que « nul n’est prophète en son pays », adage qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Il reprend pour cela deux exemples de l’Ancien Testament : l’histoire d’Elie en 1 Rois 17 : au cours d’une famine, Dieu envoie Elie à Sarepta, une cité étrangère, pour se faire nourrir par une veuve dont le pot de farine et la cruche d’huile semblent se remplir sans cesse ; plus tard Elie ressuscitera son fils. Il cite aussi l’histoire de Naamân, le chef des armées du roi Aram, qui est venu de loin pour se faire soigner sa lèpre par Elisée (ce sera fait en se trempant 7 fois dans le Jourdain). Son serviteur montera une carabistouille pour soutirer de l’argent du fameux Naamân, et se retrouvera puni avec la lèpre.
Luc tient donc à montrer que Jésus va être mal accepté par son propre peuple, par ceux qui en fait sont les plus proches (juifs pharisiens) mais qui vont se bloquer pour de simples raisons de jalousie, ou de bêtise. Et Luc veut aussi montrer que ce refus était en fait à prévoir, que ce n’est pas très grave, et il commence déjà à anticiper le sens de la mission des apôtres, en expliquant que de tout temps, Dieu a voulu démontrer son œuvre au-delà d’Israël. N’oublions pas que Luc était Syrien, et pas du tout juif ni Israélien. C’est pour cela qu’il imagine une falaise à Nazareth qui est un terrain plat par excellence, mais il tient à anticiper le fait que les juifs vont en vouloir à la vie de Jésus.
Ça n’empêche qu’à Nazareth, la prédication de Jésus n’a pas été un succès.