L’Eglise a choisi la version de Matthieu, plus longue que celle de Luc, d’un Notre-Père qui serait en même temps une prière individuelle (sur le modèle de la prière de Jésus) et une prière collective des fidèles réunis à la messe. Nous parlons donc des 3 versets les mieux connus, ou les plus répétés, du Nouveau Testament.
Ces trois versets ont généré de très nombreuses heures de réflexion au cours des siècles, et de très nombreuses pages noircies par des générations de théologiens. Chaque mot prête à interprétation, et donc à controverse ou à discussion : que signifie le Règne qui doit venir ? Le pain est-il matériel ou spirituel ? Pardonne-t ’on des fautes ou des dettes (Matthieu) ? Dieu pourrait-il conduire à la tentation ? Cette prière est un modèle selon Luc qui met Jésus en prière chaque fois qu’il se passe quelque chose d’important dans son évangile. Même si on ne sait pas vraiment si Jésus en avait fait sa prière favorite.
Sans entrer dans le détail de la théologie de ce texte et des différences qui existent entre cette version de Luc et celle de Matthieu, on comprend bien le développement de l’idée centrale du texte : faire reconnaître Dieu et son œuvre dans le monde entier, espérer que le bien l’emporte rapidement sur le mal, et demander l’aide du Seigneur pour que nous soyons nous-même un peu plus forts pour éviter les pièges de la vie.
Ce Notre-Père est la 1ère partie d’une suite de passages de Luc sur la prière ; viennent ensuite la parabole de l’ami insistant (Lc 11, 5-8) et le passage sur l’invitation à la prière (Lc 11, 9-13).
Le point qui est important est que Luc, comme Matthieu, peut-être même comme Jésus, tous nous orientent vers une relation Père/Fils pour s’adresser à Dieu. L’important n’est pas la requête au fond, même si elle peut faire du bien et que Luc nous poussera à le faire plus souvent, on peut parler à son père sans être en train de lui demander quelque chose. Le père attentif sait ce dont le fils a besoin. Cette notion de Dieu comme Père des individus est nouvelle ; avant Jésus, on pouvait considérer que Dieu puisse être le père d’un dieu, du Roi, voire de la nation…père de l’individu, voilà qui est nouveau. Et qui rend Dieu plus accessible…
Pour mémoire, n’oublions pas que Luc s’adresse principalement à d’anciens paiens qui n’ont pas la pratique de la prière. Et il leur dit : osez prier Dieu.