En cette année Matthieu et à la suite d’une longue série de passage de Luc, que peut-on dire de Saint Luc en ce jour de fête ?
Sur sa personne, comme pour tous les évangélistes, il faut être prudent. L’auteur ne parle pas de lui ; on pense savoir qu’il vient de la Macédoine (Antioche peut-être), d’origine païenne mais qui aurait développé une certaine proximité avec le monde juif, il ferait partie des « craignant-Dieu », avant de se convertir au christianisme. Il n’a pas connu Jésus de son vivant, il a été un compagnon de Paul ce qui lui a permis d’écrire les Actes des Apôtres en complément de son évangile. On le dit médecin, c’est en tout cas un homme très cultivé, liant une culture hellénistique à une bonne connaissance hébraïque. Il utilise un vocabulaire simple pour que ses lecteurs comprennent.
Le théologien François Bovon nous donne un bon résumé de son œuvre qui a été maint fois modifiée au cours du temps. Luc écrit au même moment que Matthieu, mais ils n’échangent pas entre eux. Luc écrit sur la base de textes écrits (la source Q dite aussi source des logia, mais aussi une version écrite de Marc) ; il utilise aussi de nombreuses légendes et des traditions orales qui circulent dans les communautés chrétiennes de son temps ; il est très libre sur la composition de son texte, que ce soit dans la structuration du texte comme dans le choix des éléments constitutifs. Il écrit en 80-90, après la mort de Pierre et de Paul, mais garde en lui un force missionnaire très puissante. Il écrit ce texte pour enseigner, pour convaincre, et aussi pour persuader le pouvoir Romain que la religion chrétienne n’est pas un danger politique.
Même s’il se sent plus lié à une origine païenne que juive, il ne renie en rien l’inclusion de la vie de Jésus dans l’histoire juive, il voit en Jésus un dernier effort de Dieu pour convaincre son peuple. C’est le couple Jésus et Saint-Esprit qui permet de comprendre l’Ecriture. L’éthique chrétienne ne se fonde plus sur la Loi de Moise mais sur les commandements de l’Evangile, cad des commandements d’amour. Luc essaie lui aussi de maitriser la question du retard de la parousie, le fait que Jésus ne soit pas revenu tout de suite, et se replace dans le contexte d’une nouvelle attente.