Luc va écrire deux envois en mission : cette première version est issue de Marc et la source Q, mais il y en aura une plus détaillée en Lc 10, 1-16 et dans les Actes. Luc a compris que cette première version historique de Jésus ne peut s’appliquer à ses disciples de la fin du 1er siècle : il faut passer de l’annonce du Royaume des Cieux à l’annonce de la résurrection du Christ.
Concernant l’interdiction du bâton, dont je vous avais dit mon étonnement en commentant la version de Matthieu 10, une explication serait que celle-ci soit faite pour marquer une opposition au pèlerin juif qui monte à Jérusalem, bien souvent armé d’un bâton. Le missionnaire chrétien ne monte pas à Jérusalem, il va à la rencontre de ses frères pour leur donner la bonne nouvelle, il veut se faire accepter dans la communauté et non pas vivre en Hermite itinérant.
On remarquera que Jésus conseille à ses disciples de construire les communautés à partir de la première maison favorable, de ne pas multiplier les paroisses en fait, de ne pas risquer la concurrence.
De la même façon que Jésus n’est pas un Dieu solitaire, mais un homme qui se crée une équipe et qui va évoluer au sein de son groupe, Il pense immédiatement à l’envoi en mission, cad à la démultiplication de son œuvre dans le temps et dans l’espace. Si on se replace dans l’histoire de la recherche de Dieu au cours du temps, on comprend bien que ce point particulier a fait le succès de l’approche chrétienne : Dieu n’est plus un élément distant et inatteignable, il se fait homme pour venir parler aux hommes, leur expliquer quoi faire et leur donner des clefs pour que cette option se propage dans le temps.
Décidément, le père de Jésus n’est pas un dieu comme un autre.