L’eau et le feu

Lc 12, 49-53
octobre 26, 2023

C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

C’est un baptême que j’ai à recevoir, et comme cela me pèse jusqu’à ce qu’il soit accompli !

Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu mettre sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais, s’il y a cinq personnes dans une maison, elles seront divisées : trois contre deux et deux contre trois. On se divisera père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle-fille contre belle-mère. »

Commentaire

On a longtemps pensé que ce passage voulait parler du jugement dernier car il utilise le vocabulaire typique des textes de la bible qui parlent du jugement. En fait, il faut ne pas se tromper sur l’usage des mots.

Le feu en effet, dans le langage hébraïque de la tradition juive est plutôt négatif parce qu’associé à une image de punition divine. En fait, les rabbins considèrent 6 types de feu : le feu normal, la fièvre, le feu d’Elie en 1R18, 38 « Le feu du SEIGNEUR tomba et dévora l'holocauste, le bois, les pierres, la poussière, et il absorba l'eau qui était dans le fossé », le feu de l’autel, le feu de l’ange de Daniel 3.25 « Quant à ces trois hommes-là, Shadrak, Méshak et Abed-Négo, ils tombèrent ligotés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et ils marchaient au milieu de la flamme en célébrant Dieu et en bénissant le Seigneur ». Sans parler du feu de la Géhenne…

Dans la tradition grecque, et on sait que Luc y est sensible, le feu a une connotation largement plus positive, un feu qui détruit l’ennemi, mais aussi un feu qui éclaire et un feu que réchauffe. Et c’est bien de cela dont veut parler Luc, le feu de l’énergie qu’apporte Jésus au monde pour qu’il fraternise, le feu de l’Esprit (les petites langues de la Pentecôte).

Quant au baptême, il ne parle pas de son baptême donné par le Baptiste, mais de son baptême du feu, le grand saut en avant que sera sa passion.

La famille de 5 éléments est l’archétype de la famille juive : le père et son fils, la mère et sa fille, et puis la bru. Il s’agit là de la plus petite structure sociale qui permet la pérennité du peuple de Dieu. S’y attaquer est un signe de malheur, comme dans Michée 7.6 « Car le fils traite son père de fou, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille, contre sa belle-mère. Chacun a pour ennemi les gens de sa propre maison. »

Or il est vrai que le projet de Jésus est de désintégrer la structure traditionnelle juive pour la reconstruire sur la base de nouvelles règles, celles de l’amour. Et nous avons déjà parlé ici des chamboulements que le choix d’une autre religion peut déclencher dans la vie des famille.

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