Un passage exclusif de Luc qui nous remet en face d’un bon Samaritain, car il est important pour Luc d’insister sur le fait que la parole de Dieu n’est pas réservée aux seuls juifs, et que ceux que les juifs considèrent comme des demi-juifs sont autant appelés au Royaume que les vrais juifs d’origine.
On retrouve bien entendu la guérison de Naaman par Elisée racontée dans le livre des Rois 2R5, une guérison qui ne nécessite ni toucher ni parole, juste d’un peu de confiance. On remarquera que les règles imposées par les juifs sont entièrement respectées : les lépreux se tiennent à distance, Jésus ne va pas les toucher, les prêtres vont bien être ceux qui vont les réintégrer dans la société.
En plus de l’universalité de la parole, le message de Luc est le suivant : il y a la foi qui guérit et il y a celle qui sauve. On se souvient que la particularité de Jésus était d’être à la fois guérisseur et prêcheur, et qu’il a toujours insisté sur le fait qu’il n’était pas lui-même responsable de ses guérisons, mais que c’était son père. Le texte n’est pas une remontrance sur le fait que 9 de ces malades ont oublié d’être reconnaissant, mais il est au contraire d’insister sur le fait que seul le Samaritain a été capable de faire le lien entre sa guérison et Dieu, qu’il est le seul à avoir su transformer sa guérison en conversion.
Luc en profitera bien entendu pour placer un peu de christologie dans son histoire : même si c’est le Père qui guérit, c’est bien devant Jésus qu’il s’incline. Alors qu’il aurait pu rendre grâce au Père, c’est au Fils qu’il s’adresse.
Pour Luc la question n’est pas de dire merci, elle est de se mettre à croire et à cheminer avec Jésus.