L’assomption

Luc 11, 27-28
août 15, 2024

Or comme il disait cela, une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : « Heureuse celle qui t’a porté et allaité ! » Mais lui, il dit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent ! »

Commentaire

Nous sommes le jeudi de l’Assomption. Je voudrais vous rappeler que l’Eglise catholique a décidé de 4 dogmes pour Marie : son statut de « Mère de Dieu » en 431, sa virginité perpétuelle (cad le fait que Marie serait restée vierge toute sa vie) en 553, son Immaculée conception (le fait qu’elle n’ait jamais connu le péché) en 1854 et son assomption en 1950. Certains membres de l’Eglise pensaient y ajouter le fait qu’elle puisse être co-rédemptrice avec Jésus, mais cela fut refusé par le concile Vatican 2 en 1962, et ce refus s’est vu confirmé par une commission en 1996.

L’Assomption de Marie, que les orthodoxes appellent dormition, est une tradition très ancienne de l’Eglise qui voulait que le corps de Marie ne puisse être soumis à la corruption de la mort. Comme on ne trouve rien dans les écrits du Canon sur la question de la mort de Marie, certains ont fait preuve de beaucoup de créativité en disant que Jésus serait venu récupérer son âme dans un premier temps, puis son corps un peu plus tard…

J’ai choisi ce passage de Luc car il nous montre la relation de Jésus à sa mère. Cette femme qui crie dans la foule est la seule à exprimer son admiration à Jésus. Connait-elle vraiment le verset de la Genèse 49.25 « par El, ton père, qu'Il te vienne en aide, par le Dieu Puissant, qu'Il te bénisse ! Les bénédictions des cieux d'en haut, les bénédictions de l'abîme étendu sous terre, les bénédictions des mamelles et du sein » ? Il est bien probable que ce genre de béatitude soit assez commune à l’époque de Jésus : bénir la mère est une manière de complimenter le fils. C’est probablement ce qu’elle voulait faire, et c’est dans ce sens qu’elle l’a dit, sans vraiment penser à la figure de Marie qu’elle ne connaissait probablement pas. N’oublions pas que dans la culture juive, être mère est la dignité de la femme, ainsi que sa raison d’être.

Il va de soi que catholiques et protestants se sont disputés sur ce passage, les premiers insistant sur le v.27 et les seconds sur le 28. En fait dans ce chapitre, Jésus veut insister sur la priorité à donner à l’écoute de la parole, l’écoute de la parole vaut plus que les bienfaits de la création. Pour Jésus, le bonheur n’est pas une question de contact physique ou de l’appartenance à une famille (alors qu’on se souvient que l’identification à la famille est importante : n’est-il pas le fils du charpentier ?) ; non, le bonheur est lié à une disposition de l’esprit à prêter attention à la parole du Père.

Un jeudi férié, on ne va pas râler tout de même !

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