On retrouve cette liste des apôtres dans tous les évangiles : chez Luc, on ne trouve pas de Thaddée mais on a un Jude, fils de Jacques. Ce qui compte est que le premier de la liste se nomme Pierre (Luc ne met pas en cause la primauté de Pierre même si nous verrons dans les Actes que Luc est assez en faveur d’une responsabilité collective) et que le dernier se nomme Judas : ce sont bien les deux principaux éléments de la liste sans lesquels l’histoire de Jésus n’aurait pas été la même. Les évangélistes parlent assez peu des autres apôtres en fait, et presque jamais de façon individuelle.
Il y a bien entendu dans cette tradition des points communs avec le livre de l’Exode et le choix des chefs de tribus. Ce qui est important, il me semble, est que contrairement à L’ancien testament ou à d’autres religions monothéistes, tous les textes qui se rapportent à la vie de Jésus incluent une forte participation des apôtres. Si on y regarde de près, les évangiles nous présentent très peu un Jésus seul, sinon peut-être dans les récits de l’enfance dont on sait la réalité historique plus que douteuse, et dans la passion bien-sûr. Dans sa vie publique, la première chose que fait Jésus est de créer une équipe autour de lui, une équipe de suiveurs, de disciples, et assez vite, les évangélistes rapporteront que Jésus en a choisi 12 pour être envoyés en mission, les apôtres. Et la mission sera de faire la même chose que Jésus leur montre en exemple : enseigner, guérir et chasser les démons.
C’est Jésus qui les choisit, ils ne sont pas là par hasard. Il s’agit là d’un point important de la religion chrétienne : le fils de Dieu ne vient pas sur terre pour faire un one man show devant un public, il vient dès le départ constituer une équipe qui sera chargée de constituer une église. Ce que les spécialistes appellent la structure apostolique de l’église.