L’amour des ennemis

Evangile selon St. Luc chap. 6, 27-32
février 23, 2025

Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A qui te frappe sur une joue, présente encore l’autre.

A qui te prend ton manteau, ne refuse pas non plus ta tunique. A quiconque te demande, donne, et à qui te prend ton bien, ne le réclame pas.

Et comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux.

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Car les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Les pécheurs eux-mêmes en font autant. Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez qu’ils vous rendent, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Même des pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.

Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.

Soyez généreux comme votre Père est généreux.

Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, acquittez et vous serez acquittés.

Donnez et on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous. »

Commentaire

Tous les spécialistes sont à peu près certains qu’il s’agit effectivement de maximes prononcées par Jésus ; elles sortent de la source Q, et elles ont été reprises par Matthieu comme par Luc, chacun à sa manière. La règle contenue dans ces phrases est tellement déstabilisante qu’elle est probablement vraie.

Il convient de faire un premier point sur le verbe « aimer » que les traducteurs de la Septante ont eu bien du mal à décider. Nous ne sommes pas ici dans l’amour au sens des traités de vassalité, respect, fidélité et obéissance. Mais nous ne sommes pas non plus dans le sentiment passionné et irréfléchi : Aimer pour Jésus, c’est faire du bien, dire du bien (bénir) et aussi vouloir du bien (prier), c’est respecter l’altérité. C’est en les regardant avec l’œil du cœur que nos ennemis vont cesser d’être des ennemis pour nous, et que l’on va pouvoir les considérer autrement : j’aime autant vous dire que ce n’est pas demain la veille !

Si Jésus a parlé de l’amour des ennemis, c’est avant tout pour se différencier des références en cours dans son monde de la Palestine du 1er siècle. Le monde Grec prône la réciprocité avec la Règle d’Or, car si c’est bien le rabbin Hillel qui la cite comme étant le résumé de toutes les règles de la Torah, elle vient avant tout du monde Grec (Homère). Elle est ici légèrement transformée : si les juifs proclament qu’il ne faut pas faire aux autres ce qu’on ne veut pas qu’ils nous fassent, Jésus se place lui dans une situation d’attente de réciprocité : je te donne en espérant que tu me donnes, et j’ai confiance, car je sais que Dieu est avec moi. Donc quand je donne, je donne pour faire plaisir à Dieu.

Le monde juif se trouve lui-aussi dans un mode de réciprocité basée sur la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent ». On se souvient avoir vu dans la Genèse que cette loi était déjà le fruit d’une évolution positive contre la vengeance puissance 7. Et on a pu voir dans le Bon Samaritain que le devoir envers un frère peut être sujet à des appréciations diverses entre le monde juif et le monde chrétien, qui considère un prochain plus large que le juif. On comprend maintenant que c’est vrai pour d’autres sujets comme le prêt, pourtant bien encadré dans le Deutéronome, dans l’Exode et dans le Lévitique.

En comparant notre comportement à celui de pécheurs, Jésus nous met un peu de pression : si on pouvait s’en sortir à moindre coût, c’est raté. Jusqu’où la miséricorde doit-elle aller ? Quand doit s’arrêter la générosité ?

Il va de soi que certains grands esprits ont cherché quelques pistes d’échappement : Laisser Dieu juger l’homme, contentons-nous de juger des actes ; on peut tenter de définir un concept de guerre juste, qui mettrait de côté ce genre de considération ; on peut aussi tenter de séparer la sphère privée de la vie, et le monde social où l’on doit suivre ses règles.

Ne pas se défendre, mais donner à l’autre ce qu’il veut nous voler. On comprend bien la volonté de Jésus de mettre fin à la spirale de la violence, mais ces règles sont en totale rupture avec les us et coutumes de notre vie en société.

La seule clef que Jésus nous propose est de regarder le Père en faisant cela, passer d’une résignation passive à une avancée volontariste. La clef est dans la théorie biblique des deux portes :

Psaume1.1 « Heureux l'homme qui ne prend pas le parti des méchants, ne s'arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s'assied pas au banc des moqueurs, mais qui se plaît à la loi du SEIGNEUR et récite sa loi jour et nuit ! »

Mais c’est bien sûr !

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