La généalogie de Jésus

Reprenons ce qui s’est passé depuis le début de l’évangile de Luc : on a vu la grossesse de la cousine Elisabeth, l’annonce aux bergers, la présentation au temple et l’oubli de Jésus, la mission de Jean-Baptiste et la baptême de Jésus. Matthieu nous présente aujourd’hui l’emplacement de Jésus au sein de son arbre généalogique.

Les généalogies sont importantes à l’époque, car elles permettent de placer la famille de chacun au sein d’un arbre généalogique et de créer un sentiment d’appartenance pour des individus d’un peuple soumis à de nombreuses aventures. C’est un concept que les juifs adorent, et qu’ils lient au concept de l’élection. A cette époque d’ailleurs, on apprécie beaucoup les listes en général, celles des espèces animales ou végétales, les listes militaires… Rien de tel qu’une bonne généalogie pour fixer dans le marbre une enfance dont on ne sait pas grand-chose, et c’est pourquoi Luc comme Matthieu vont s’en servir (Mt 1, 1-17).

Quand on les lit en parallèle, il semble que ces deux généalogies soient assez différentes l’une de l’autre. Certes, Luc va utiliser un ordre ascendant jusqu’à Adam pour bien montrer l’universalisme de Jésus, alors que Matthieu va conserver la tradition d’une généalogie descendante juive qui débute à Abraham. En fait, les différences sont assez importantes quand on passe aux noms. Luc comme Matthieu se basent sur la filiation de l’homme, mais alors que Luc retient la descendance légale (sans tenir compte du lévirat), Matthieu retient lui la descendance biologique (l’engendrement) : cela donne deux listes différentes mais vraies toute deux.

Ce n’est pas Luc (ni Matthieu d’ailleurs) qui inventent ces listes, elles existaient auparavant. Chez Matthieu, on compte 28 noms de David à Jésus, ce qui fait des générations de 36 ans, alors que chez Luc, les 43 noms vont faire des générations de 25 ans, ce qui paraît plus raisonnable. A l’époque de la rédaction de la généalogie de Luc, il n’est absolument pas question de la virginité de Marie, c’est donc bien Joseph qui est considéré comme le père de Jésus.

En faisant un peu de mathématiques sur la généalogie de Luc, en calculant les séries de 3 fois 7 générations, on trouve que Jésus inaugure la dernière ère de l’histoire du monde (4 Esdras 14,11), et qu’elle est supposée en être la dernière. Plusieurs spécialistes ont en effet trouvé que Luc devait appartenir de près ou de loin à une communauté chrétienne apocalyptique : le moment du règne est donc vraiment très proche.