Nous avons là un passage qui ne sert pas à grand-chose en termes de déroulement de l’histoire, mais qui en revanche sert à donner des arguments aux thèses préférées de Luc. Lesquelles sont-elles ?
L’urgence de la conversion tout d’abord. Or s’il y a un exemple dans la bible de conversion, c’est celui du peuple de Ninive qui a écouté l’oracle de Jonas. On se souvient que celui-ci avait traversé la ville en 3 jours, comme par hasard, en proclamant « encore 40 jours et Ninive sera mise sens dessus dessous ». Et le livre de Jonas nous dit « déjà ses habitants croyaient en Dieu ». Matthieu reprendra aussi l’exemple de Jonas pour comparer les 3 jours du Christ au tombeau avec les 3 jours dans le ventre de la baleine. Le peuple devrait se souvenir de Jonas.
Le deuxième axe de Luc est la sagesse, il fait de Jésus un sage. On se souvient qu’après la présentation au temple avec Syméon et Anne en Luc2, il est dit « l’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse ». Plus loin, lorsque Jésus va tenter de calmer les disciples qui vont devoir être persécutés et questionnés par le Sanhédrin, il leur dit de ne pas s’inquiéter car il leur dira quoi dire « je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourrons contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous ». Or l’exemple de la sagesse dans la bible, c’est le roi Salomon, et Luc ne manque pas de tirer quelques liens entre lui et Jésus. Dans 1 Rois, Dieu demande à Salomon ce dont il a besoin, et celui-ci, plutôt que lui demander de la puissance et de la gloire, va lui demander d’avoir un peu de discernement pour être capable de juger son peuple avec justice. Et Dieu lui dira « je te donne un cœur sage et perspicace ». Il ajoutera « ce que tu n’as pas demandé, je te le donnerai aussi ». Comme quoi Salomon avait bien joué ce jour-là. On se souvient que quand Luc va décrire l’arrivée triomphale de Jésus à Jérusalem, il le fera monter sur un ânon car comme le disait 1 Rois 1 : « ils firent monter Salomon sur la mule » car Dieu leur avait dit « vous mettrez mon fils Salomon sur ma propre mule ». La Reine de Saba est venue de très loin constater cette sagesse de Salomon et elle dira : « c’est bien la vérité que j’avais entendu dire dans mon pays sur tes paroles et sur ta sagesse, je n’avais pas cru…heureux tes gens, Béni soit le Seigneur ton Dieu ». Si ce n’est une conversion, c’est en tout cas une reconnaissance.
J’en profite pour vous conter ce qu’on appelle « le jugement de Salomon ». Deux prostituées vinrent auprès de Salomon : les deux étaient enceintes en même temps, elles accouchent à 24 h près, le bébé de l’une meurt pendant la nuit et bien évidemment, les deux mères se disputent l’enfant vivant. Et elles viennent donc régler cette dispute devant Salomon, chacune disant « c’est mon fils, et l’autre me l’a volé ». Il a pris une épée et dit au soldat. « coupez l’enfant en deux et donnez la moitié à chacune ». L’une des femmes dit ; « Non ! donnez le bébé à l’autre, mais ne le tuez pas ». Quand l’autre disait : « Allez-y coupez ! » Mais le roi vit que la première était la vraie mère car ses entrailles étaient émues…
La foule a déjà vu tant de signes, mais elle ne considère pas encore que ce soient des signes venus du ciel, cad de Dieu. A partir de là, que faut-il donner comme signe pour que le peuple croie. Et de nos jours, de quels signes auraient ont besoin pour enfin croire en Dieu ? Une question à laquelle il n’est pas toujours facile de répondre, ni pour les chrétiens qui doutent, ni pour les athées.