Luc est un homme de prière. Ce passage, qui lui est particulier, vient clore une demande que font les disciples à Jésus en Lc 11,1 : apprends-nous à prier. Avec le Notre-Père, il nous dit comment prier, avec cette parabole, il nous dit comment ne pas prier.
La prière chez les juifs est avant tout collective : il faut être au moins 10 au Temple ou dans une synagogue. Il s’agit d’une prière très codifiée, avec des recueils de prières, un planning et des explications. Donc la prière selon Jésus est une véritable révolution, s’enfermer dans sa chambre pour dire petit Papa n’a jamais été prévu.
Luc nous présente d’un côté un pharisien parfait qui fait tout bien, et qui vient seul au temple pour prier, en plus des prières collectives prévues. Il se croit vraiment juste, en ligne pour entrer au Royaume de Dieu, mais il a ce petit défaut qu’ont beaucoup de gens bien, c’est de regarder les autres du haut de sa justice. Il voit l’arrivée dans le royaume des cieux comme une compétition dans laquelle il est bien placé.
De l’autre côté un péager comme Lévi, qui a honte et implore la pardon pour sa vie de pécheur.
Mais Dieu nous dit-il, va justifier le péager plutôt que le pharisien, et Luc de nous remettre la phrase de Lc 14,11 : celui qui s’élève sera abaissé…
Être juste signifie être prêt à entrer au Royaume des cieux, être choisi au moment du jugement dernier, pouvoir affronter la justice de Dieu. Et on se souvient de la phrase de Matthieu « si votre justice n’est pas plus grande que celle des pharisiens… »
Le pharisien pense à la justice car comme tous les juifs, il est obsédé par le jugement dernier, et c’est pour cela qu’il fait bien toutes les bonnes œuvres et qu’il suit les commandements, pour avoir bonne conscience. Il pense à la justice, il se compare aux autres mais il oublie Dieu.
Le péager ne pense qu’à Dieu, car il sait qu’il est loin d’être juste et qu’il aura besoin de la grâce de Dieu pour être justifié.
Luc nous rappelle que sans amour de l’autre et sans humilité, aucune chance d’entrer au Royaume des Cieux.
Et nous ? Un peu péager, un peu pharisien je suppose…