Nous sommes dans le passage à Nicodème, qui va en fait de 2.23 à 3.21. L’Eglise a prévu de nous le faire lire découpé en tranches, ce qui est un peu dommage. C’est pour cela que j’ai rajouté la fin du chapitre 2 qui est un prologue au passage à Nicodème. Dans la première partie de son évangile, Jean va raconter la rencontre de Jésus avec 3 personnes représentant des communautés bien diverses : Nicodème est un notable juif orthodoxe qui cherche Dieu, la Samaritaine sera membre d’une communauté juive hétérodoxe, le fonctionnaire public sera un païen. Au travers de ces 3 rencontres, Jean va nous expliquer la théologie de Jésus.
Le prologue nous montre que Jésus n’est pas dupe, qu’il connaît bien les hommes (on se souvient qu’en tant que fils de Dieu, Jésus sait tout sur les personnes qu’il rencontre à l’avance, comme les 6 maris de la Samaritaine). Si les gens se pressent pour le voir, c’est bien à cause des signes et des guérisons, ce n’est pas pour rencontrer Dieu.
Nicodème, un juif convaincu, vit et vient dans les ténèbres (pour Jean, les ténèbres et la mort sont la vie sans une proximité réelle de Dieu). Nicodème voit un Jésus un super Rabbin, un maître, éventuellement un prophète et ce, à cause des signes exceptionnels que Jésus fait. Il va donc un peu plus loin que le peuple qui voit en Jésus un bon guérisseur, Nicodème suspecte un envoyé de Dieu. On le retrouvera au Sanhédrin pour exiger que l’on entende un accusé avant de la condamner, et ce sera lui qui apportera les herbes et les parfums pour embaumer le corps du Christ et lui donner une sépulture royale.
Alors Jésus répond sur le sujet du Salut : pour les juifs, le Salut est la rencontre avec Dieu, supposée arriver au jour du jugement dernier. Et là, Jean crée un malentendu comme il les aime en utilisant un mot grec qui est un double-sens : naître d’en haut ou naître à nouveau. Evidemment Nicodème entend « renaître », une seconde naissance.
Jésus explique donc que pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut naître d’eau et d’esprit : l’eau est le symbole du baptême, l’esprit est l’impulsion de Dieu. Et Jésus d’insister sur les êtres de chair (le mot chair à l’époque sous-entend la caractère éphémère de l’être humain) et les êtres de l’esprit, ceux qui sont animés par le souffle de Dieu.
Jean va rebondir sur le mot souffle pour parler de l’esprit, avec un autre jeu de mot sur le vent. Ce message sur le fait que nul ne sait d’où vient le vent ni où il va est une manière de passer le message suivant à Nicodème : rencontrer Dieu n’est pas la décision de l’homme, ce n’est pas une question de suivre la Loi et de payer la dime, c’est avant tout le choix de Dieu, ce que les hommes ont toujours du mal à comprendre, à deviner ou à prévoir.
La Salut de l’homme est une décision de Dieu.