Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes dimanche, mais l’église a décidé de détricoter le chapitre 10 en nous mettant 11/17 aujourd’hui et 1/10 demain…Pour la première fois dans cette énumération de comparaisons censées nous montrer l’identité de Jésus, celui-ci prend enfin un visage humain : le berger est plus parlant que la lumière, le pain ou la porte.
Le concept du berger est largement déployé dans l’Ancien Testament avec Dieu comme le bon et les rois d’Israël comme les méchants (ou les mauvais). On trouve cela en Ezéchiel, mais le bon berger de Jean va plus loin que celui d’Ezéchiel, il va jusqu’à donner sa vie. La différence entre ce bon berger qu’est Jésus et un berger ordinaire (le terme mercenaire signifie professionnel, qui se loue à l’un ou à l’autre des propriétaires de troupeaux) est d’une part la connaissance intime et réciproque de ses brebis, calquée sur le relation du père et du fils, et aussi sur le fait que ce berger est prêt à donner sa vie au profit de ses brebis.
Il y a bien entendu quelques sous-entendus. Si les loups de l’Ancien Testament sont les ennemis du peuple d’Israël, ils sont plutôt dans le Nouveau Testament des prêcheurs hérétiques qui mettent en péril l’unité de la communauté (on se souvient que dans l’église de Jean, ces hérétiques sont des gnostiques qui refusent l’humanité de Jésus). Les deux troupeaux qui vont se fusionner sont certainement les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens. Se dessaisir de sa vie dans la littérature de Jean signifie la croix, et Jean laisse entendre que la mort du Christ ne lui fut pas imposée par le Père, mais qu’elle fut un choix volontaire du fils (nous avons souvent évoqué le caractère volontaire de Jésus vers sa passion).
On remarquera aussi que Jean nous présente la mort sur la croix (se dessaisir de sa vie) en même temps que la résurrection (la reprendre). Nous sommes juste avant le chapitre 11 et Lazare, cette notion du pouvoir de reprendre la vie prend toute sa valeur.
Ezéchiel laissait entendre que de la qualité du berger dépend le destin des brebis. En ces jours qui nous montrent un Pape fatigué et des cinglés qui se disent animés de la passion de Dieu, je crains que ce ne soit encore très vrai.