Moi non plus je ne te condamne pas

Jn 8, 1-11
avril 3, 2022

Et Jésus gagna le mont des Oliviers. Dès le point du jour, il revint au temple et, comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les Pharisiens amenèrent alors une femme qu’on avait surprise en adultère et ils la placèrent au milieu du groupe. « Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »

Ils parlaient ainsi dans l’intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le sol. Comme ils continuaient à lui poser des questions, Jésus se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »

Et s’inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieu du cercle,

Jésus se redressa et lui dit : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »

Elle répondit : « Personne, Seigneur », et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus. »

Commentaire

Il convient tout d’abord de noter que pour de nombreux exégètes, ce passage a été ajouté à l’évangile de Jean au 3ème siècle et qu’il ne serait pas de Jean mais plutôt de Luc.

Il convient aussi de rapprocher ce passage du 13ème chapitre du livre de Daniel. Suzanne, la femme de Joakim, se baigne dans le jardin de son mari quand 2 vieillards libidineux lui proposent d’avoir des relations, en la menaçant de l’accuser d’adultère avec un jeune homme si elle ne consent pas. Elle refuse et les vieux la dénoncent aux anciens et au peuple qui la condamnent à la lapidation immédiate. S’interpose un jeune homme du nom de Daniel qui exige un procès sérieux, et lance l’idée d’une contre-interrogation des vieux ; ceux-ci s’emmêlent les pinceaux quand à l’arbre sous lequel se serait passé le soi-disant adultère, ce qui sauve Suzanne.

On retrouve presque la même situation, que les scribes et les pharisiens utilisent pour piéger Jésus. Leur mauvaise foi est tellement évidente que Jésus ne se laissera pas avoir : nous ne sommes pas au tribunal, et si la Loi certes prévoit la lapidation (Dt22.22) avec effet immédiat en cas de flagrant délit, elle exige en revanche l’apparition des 2 parties, et on doit diligenter un minimum d’enquête pour être sûr qu’il ne s’agit pas de viol, car dans ce cas, l’homme est exécuté.

Ce passage nous parle du jugement et du pardon. Jésus ne contredit pas la loi, n ne la contourne. Si les scribes et les pharisiens jugent et sanctionnent, Jésus lui, pardonne. Pas tout-à-fait d’ailleurs, car la femme n’a pas imploré de pardon et Jésus ne la condamne pas. Mais il fait preuve de miséricorde et l’engage à ne plus pécher. Il reconnait la culpabilité de la femme et le droit des autorités à la juger.

L’autre point qui me semble important est de comprendre le comportement de Jésus par rapport à cette femme, dans un monde où il faut bien le reconnaître, la femme est une quantité assez négligeable. Jésus baisse les yeux, Jésus est le seul qui lui parle et qui lui demande son avis.

Aujourd’hui, Jean insiste sur l’autorité de l’amour de l’autre.

Personne en sait ce que Jésus pouvait bien écrire dans le sable, ça n’a pas empêché des dizaines d’exégètes à passer des milliers d’heures…pour ne rien découvrir.

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