Drôle de retour sur Jean qui nous déstabilise un peu après Matthieu.
En effet, il parle bien de grain ensemencé mais pas du tout dans l’optique de la parabole du semeur ; il s’agit cette fois du grain qui doit mourir pour donner la vie, tout comme meurt une chrysalide. Et d’insister sur la solitude de celui qui va mourir, Jésus en l’occurrence, et de la nécessité de sa mort pour donner vie à une communauté nouvelle et vigoureuse.
Le deuxième point est un rappel qu’on ne peut se vouloir propriétaire de sa propre vie. Les valeurs de ce monde nous empêchant l’accès à Dieu, il est préférable de ne pas trop s’attacher aux plaisirs de la vie terrestre et de favoriser une vie avec Dieu.
Quant au troisième point, il est une invitation à suivre Jésus dans son chemin de souffrance ; nous ne sommes plus du tout dans la notion de service comme critère de hiérarchie entre disciples, Jean nous parle bien du service du maître. Avec la promesse qu’être auprès de Jésus, c’est être auprès de Dieu le Père.
Ce passage est une réponse à la demande formulée par des Grecs de passage à Philippe de rencontrer Jésus. Et la réponse qui nous est faite, le dernier enseignement public de Jésus avant sa passion, est de nous dire qu’on ne peut venir « voir » Jésus comme un animal de cirque ou comme uns star de foot : pour rencontrer Jésus, il faut le suivre, se mettre à son service et pour cela, accepter de participer à ses souffrances. En un mot, Jésus n’a absolument pas envie de voir les Grecs.
L’Eglise a choisi ce passage pour la fête de Saint Laurent, un martyr qui s’était mis au service du Pape Sixte2. Quand celui-ci fut emprisonné par le préfet de Rome en 258, il a demandé à Laurent de distribuer tous les biens de l’église aux pauvres. Quand le préfet demande à Laurent de lui montrer tous les trésors de l’église, celui-ci rassemble un groupe de pauvres et les montre au préfet en disant « voici tous les trésors de l’église ». Ses souffrances furent terribles, on le plaça sur un grill pour le brûler. Il aurait dit au bourreau de changer de côté car la première face était cuite…une belle histoire comme l’Eglise les aime.