L’annonce du départ de Jésus créée un mouvement de panique et de détresse au milieu des disciples, et il convient que Jésus les calme par une parole de réconfort et d’espoir. On trouve dans ce passage des thèmes courants de la tradition des apocalypses juives ; il y a des demeures célestes où vivent les saints disparus, il y a aussi dans plusieurs textes (Daniel, Esdras ou Hénoch) la figure du fils de l’homme qui viendra à la fin du temps prendre avec lui les justes pour les emmener au paradis. Il s’avère que cette tradition juive est passée intégralement dans les communautés chrétiennes car elles permettent de donner un avenir à la relation du Christ ressuscité avec les disciples.
Jean se garde de donner des détails : aucun mouvement cosmique (normalement ce genre de choses est toujours présent dans les textes apocalyptique), pas de question sur les morts et les vivants, aucune échéance, aucune modalité…Jean ne fait qu’utiliser cette tradition pour insister sur le côté productif de la mort de Jésus.
Le malentendu de Thomas est le signe de la totale incompréhension des disciples qui pensent que Jésus va partir en voyage (on se souvient que Pierre voulait le suivre), une incompréhension normale dans l’évangile de Jean puisque c’est la croix qui permettra de comprendre.
C’est aussi l’occasion pour Jean de sortir cette phrase magnifique : « je suis le chemin et la vérité et la vie ». Il est probable que Jean ait utilisé une phrase ancienne « je suis le chemin qui mène à Dieu » pour y ajouter la vérité et la vie. La notion du chemin est connue des juifs car on en trouve de nombreux exemples dans les psaumes et dans le livre de la sagesse : l’homme est perdu sans Dieu pour lui montrer le chemin.
Le chemin qu’est Jésus est bien-entendu le chemin obligé vers Dieu, la porte. La vérité, nous allons la découvrir au v.9, celui qui voit Jésus voit la réalité divine ; quant à la vie, il s’agit bien de la vie en plénitude auprès de Dieu.
Décidément ce Jean a le sens de la formule ! 00