La porte à double sens

Nous sommes plutôt habitués à la notion du berger protecteur, celui qui ramène ses brebis dans l’enclos, celui qui les protège du loup, celui qui ramène la brebis blessée. Décidément ce Jean ne fait pas les choses comme tout le monde.

Pour lui, le berger n’est pas le portier ; le vrai berger est celui que le portier reconnaît et qui le laisse entrer. C’est l’accès autorisé à la porte qui mène aux brebis qui sera le signe de la légitimité du berger. Qui est le portier ? Jean ne le dit pas. Clavin disait que c’était Dieu lui-même, Saint Augustin pensait lui à l’Esprit Saint…

Le berger de Jean n’est pas celui qui ramène vers l’enclos, il est celui qui appelle ses brebis par leur nom (nous avons déjà parlé de l’importance de la nomination dans la culture juive) et qui les emmène au-dehors. Qui les emmène vers de verts pâturages où elles pourront manger, cad que Jésus est le berger qui va donner à ses brebis ce dont elles ont besoin, il œuvre pour leur salut.

Et comme il semble que les auditeurs ne comprennent pas, Jésus s’engage sur une explication supplémentaire, il devient la porte par laquelle les brebis vont devoir passer si elles veulent avoir l’accès à l’herbe fraîche, si elles veulent avoir accès à la vie.

Les voleurs qui sont venus avant ne sont pas les prophètes, mais bien plutôt les faux-messies venus avant Jésus.

Si nous replaçons maintenant ce texte au temps de Jean l’évangéliste et de sa communauté qui voit se fermer les portes des synagogues, on comprend mieux cette image du guide qui prend les brebis à sa suite pour les faire sortir de l’enclos juif et les conduire à de nouveaux pâturages, à la vie éternelle. Quant à la nécessité de passer par le Fils pour avoir accès au Père, nous avons déjà parlé.