Si nous quittons Luc aujourd’hui, c’est parce que l’église catholique fête « La Croix Glorieuse », une fête célébrée à Jérusalem depuis le 5ème siècle, liée à la construction de la Basilique du Saint Sépulcre (Anastasia) par Constantin en 325. Sa mère, Sainte-Hélène, ayant visité les lieux saints, avait cru retrouver un morceau de la croix du Christ à cet endroit qui aurait (dit-on) été le lieu de la crucifixion, de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus.
Or Jean, dans ce passage, parle avec émotion de la Croix, en la comparant à la hampe du serpent d’airain. Dans le livre des Nombres, au chapitre 21, les juifs rouspètent après Moïse et après Dieu car il n’y a rien à boire dans le désert et que la manne qu’a envoyée Dieu pour les nourrir est terriblement insipide. Dieu se fâche et pour les punir, leur envoie des serpents venimeux qui en feront mourir beaucoup. Alors les juifs reconnaissant leur tort demandent à Moïse d’intercéder pour eux (il passe sa vie à faire la navette) et Dieu lui dit : « Fais faire un serpent brûlant et fixe-le à une hampe : quiconque sera mordu et le regardera sera sauvé. » L’idée géniale de Jean sera de faire un parallèle entre le serpent d’airain au sommet de la lance et le corps de Jésus au sommet de la croix : quiconque les regarde sera sauvé.
L’église poussera la comparaison plus loin en comparant la bois de la croix qui sauve avec le bois de l’arbre du jardin d’Eden qui tue (voir le péché d’Adam). Il existe une formidable statue du serpent d’airain sur le mont Nébo en Jordanie, ainsi que sur de nombreux pare-brise.
Ainsi la croix, cet instrument d’exécution sinistre qui bordaient les principales routes à l’entrée des villes pour rappeler aux passants que les Romains ont toujours raison, est devenue le symbole de la gloire du Christ. Le symbole du corps accroché correspond à ce que l’église appelle l’élévation.
Et les Romains qui pensaient se débrasser de Jésus une bonne fois pour toute en le clouant sur la croix, s’ils savaient ce qu’est devenu l’instrument de leur barbarie !