En ce jour où nous prions nos morts, l’Eglise ne suggère aucun texte, elle laisse libre chacun de trouver un texte adéquat au sein de la liturgie des funérailles. Moi je vous propose ce texte de Jean, avec cette phrase merveilleuse : « Alors Jésus pleura ».
Ce texte est important tout d’abord parce qu’il montre l’humanité de Jésus qui est capable de s’émouvoir à la vue de la famille en deuil. La mort, l’ambiance des funérailles, les pleurs des proches, il est impossible à un homme normalement constitué de rester insensible. En temps de paix en tout cas, car on sait bien qu’en certaines circonstances, l’homme s’habitue à la présence de la mort, surtout de celle des gens qui lui sont inconnus.
Nous le constatons dans tous les évangiles, au travers d’un vocabulaire spécifique (trésailler, être pris aux tripes, …), Jésus est un homme capable d’émotion. Alors quoi de plus normal que nous soyons nous aussi chamboulés par la mort d’un proche.
On peut s’étonner de cette émotion sincère de Jésus, et les juifs ne manqueront pas de le faire au verset 37 « Celui qui a ouvert les yeux de l'aveugle n'a pas été capable d'empêcher Lazare de mourir. » Où est donc passé le Dieu omnipotent ?
Ce texte est important aussi car il est à la base de ce qui va se passer ensuite, la résurrection de Lazare. L’émotion crée l’action. Je crois que c’est en fait ce que la foi nous demande : que notre émotion se transforme en action.
Concernant la mort de nos proches, de nos Lazares, que peut-on faire ? Tant de choses : ne pas renoncer, ne pas se laisser submerger par l’accablement, réconforter et aider ceux qui restent, participer activement au rétablissement de l’équilibre familial de ceux que la mort endeuille, donner de l’énergie à ceux qui s’en trouvent dépourvus…et aussi bien sûr, cultiver le souvenir.
Je lis ces temps-ci un bouquin Islandais de Jon Kalman Stefansson basé sur un poème de Kierkegaard : « Ton absence est ténèbres…et ton souvenir lumière. »
C’est à ceux qui restent qu’il incombe de faire du souvenir une lumière.