Comme toujours avec Jean, il convient de lire entre les lignes, de découvrir ce qu’il a voulu dire sans vouloir l’écrire. La Pâque des juifs commémore la sortie d’Egypte ; c’est une des 3 grandes fêtes juives qui sont l’occasion d’un déplacement à Jérusalem. Il y a donc beaucoup de monde.
Hérode le Grand qui n’avait probablement pas que des défauts, était un infatigable constructeur, et il s’est lancé en -19 dans une rénovation absolument incroyable du temple de Jérusalem, en faisant ce qu’on appellera le 2ème temple d’Hérode, un projet pharaonique (le mot est mal choisi pour la Pâque juive) qui ne s’achèvera qu’en +64, pour être rasé par les Romains en +70. Nous sommes en +26 plus ou moins d’où les 46 ans.
Le dernier paragraphe du livre du prophète Zacharie montre une ville où Dieu est partout présent et où chacun peut venir au temple faire ses propres sacrifices sans passer par des intermédiaires : « Il n’y aura plus de marchands dans les maisons du Seigneur ». Le Psaume 69 nous parle d’un fidèle découragé, exténué par le service du culte, « le zèle de ta maison me dévorera ».
Pour faire les sacrifices, il fallait acheter des bœufs, des brebis ou des colombes. Il y avait donc des marchands d’animaux aux alentours du temple (il y avaient plusieurs cours avec des niveaux d’accès contrôlés). Pour éviter d’introduire des monnaies impures, il y avait aussi des changeurs qui donnaient d’anciennes monnaies juives considérées comme pures (elles restent dans l’enceinte du temple), pour l’achat des animaux.
On remarquera qu’il n’y aucune colère chez Jésus, Jean ne parle pas de brigands.
Le message de Jésus est le suivant : c’en est fini du Temple et du cirque du temple, de l’économie sacrificielle. Dieu ne veut pas de sacrifices, Dieu n’attend pas d’offrandes de notre part pour nous sauver. Le Temple n’est plus l’immeuble, surtout cette énorme chantier riche et ostentatoire. Le nouveau temple c’est le corps de Jésus, et l’endroit où l’on se retrouve pour prier Dieu. Jean veut voire dans ces phrases prononcées par Jésus l’annonce de sa résurrection. Et il en profite pour suggérer que si le Temple a été détruit (en 70, Jean écrit en +100), c’est la faute des juifs qui n’ont pas su le protéger des Romains.
Après, c’est toujours plus facile de le dire.