Les interdits sexuels

Une liste longue, quoique pas tout-à-fait exhaustive (l’inceste père-fille n’y est pas abordé par exemple). Le texte peut paraître un peu barbant, mais nous allons voir qu’il n’est pas dénué d’intérêt.

L’introduction est claire : Dieu veut donner à son peuple une différence de comportement avec deux autres peules voisins, l’Egypte d’où il vient, et Canaan, où il va. Il semblerait que ces deux pays aient eu des coutumes abominables et Dieu tient à ce que son peuple soit différent : à quoi bon avoir quitté l’Egypte si c’est pour faire la même chose ailleurs ?

La liste des interdits incestueux est longue, nous l’avons dit, mais il convient de la replacer dans une culture de polygamie ; même si le texte a probablement été écrit en deux temps, une 1^ère version avant -597 et une autre au temps de l’exil, la polygamie était courante. On aura compris que l’expression « découvrir la nudité » signifie avoir des relations sexuelles. L’intérêt principal de cette liste est de définir les contours d’une parentèle dans une société un peu bigarrée ; on se souvient qu’on a du mal à faire la différence entre les frères, les cousins, les voisins…Ici au moins, on définit les limites de la consanguinité, et on institue l’interdiction des rapports sexuels avec ses parents.

Je vous rappelle que les Cananéens sont devenus esclaves des autres tribus parce que Cham avait découvert la nudité de son père en Genèse 9.22 « Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et il en informa ses deux frères au-dehors. Sem et Japhet prirent le manteau de Noé qu'ils placèrent sur leurs épaules à tous deux et, marchant à reculons, ils couvrirent la nudité de leur père. Tournés de l'autre côté, ils ne virent pas la nudité de leur père. Lorsque Noé, ayant cuvé son vin, sut ce qu'avait fait son plus jeune fils, il s'écria : « Maudit soit Canaan, qu'il soit le dernier des serviteurs de ses frères ! » »

On se souviendra aussi que Jean-Baptiste reprochait à Hérode Antipas d’avoir pris la femme (la vilaine Hérodiade) à son demi-frère (Marc 6.18).

Après la liste des incestes, le v. 21 nous parle de Molech : il apparaît plusieurs fois dans le Lévitique, mais aussi dans le livre des Rois et dans Jérémie. Il s’agit d’une divinité ammonite de Canaan (avant l’arrivée des juifs) pour laquelle on faisait (peut-être) des sacrifices d’enfants humains. Il est hors de question que le peuple juif prenne de mauvaises habitudes en arrivant là-bas.

Nous avons ensuite l’interdiction de l’homosexualité et de la zoophilie. Aucun mot en revanche sur le viol, le sexe avec une jeune fille vierge ou la prostitution.

L’idée du Lévitique est donc d’éviter des relations sexuelles avec des partenaires trop proches, ou trop lointains.

Le dernier paragraphe est aussi intéressant puisqu’il est suggéré que c’est à cause du comportement sexuel déviant de leurs habitants que les pays voisins ont été envahis et les peuples détruits : pour l’Egypte, on pense à l’invasion Perse, pour Canaan, la sanction divine de Genèse 9. On aborde ici la notion de péché collectif du peuple, à mettre en relation avec la cérémonie de Yom Kippour.

Une fois encore, la libération de l’esclavage en Egypte a un prix à payer : ce sera non seulement de faire le culte à Dieu, mais aussi des exigences morales ou comportementales. Et attention au châtiment divin !