Le prix du blasphème

Lévitique 24
novembre 30, 2024

Le fils d’une Israélite, mais qui était fils d’un Egyptien, s’avança au milieu des fils d’Israël et, en plein camp, ils s’empoignèrent, lui, ce fils de la femme israélite, et un autre homme, qui était israélite ; le fils de la femme israélite blasphéma le NOM et l’insulta ; aussi l’amena-t-on vers Moïse. — Sa mère se nommait Shelomith, fille de Divri, de la tribu de Dan.

On le plaça sous bonne garde en attendant un ordre précis de la part du SEIGNEUR. Alors le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse :

Fais sortir du camp celui qui a insulté ; que tous ceux qui l’ont entendu imposent leurs mains sur sa tête, et que toute la communauté le lapide.

Et tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Si un homme insulte son Dieu, il doit porter le poids de son péché ; ainsi celui qui blasphème le nom du SEIGNEUR sera mis à mort : toute la communauté le lapidera ; émigré ou indigène, il sera mis à mort pour avoir blasphémé le NOM.

Si un homme frappe à mort un être humain quel qu’il soit, il sera mis à mort.

S’il frappe à mort un animal, il le remplacera — vie pour vie.

Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu’il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ; on provoquera chez lui la même infirmité qu’il a provoquée chez l’autre.

Qui frappe un animal doit rembourser ; qui frappe un homme est mis à mort.

Vous aurez une seule législation : la même pour l’émigré et pour l’indigène ; car c’est moi, le SEIGNEUR, qui suis votre Dieu.

Ainsi parla Moïse aux fils d’Israël. On fit alors sortir du camp celui qui avait insulté et on le lapida. Les fils d’Israël exécutèrent ainsi ce que le SEIGNEUR avait ordonné à Moïse. 

Commentaire

J’ai volontairement mis de côté le début du chapitre qui parlait de l’obligation de laisser allumé en permanence le chandelier dans le Temple, ainsi que la nécessité de maintenir toujours 12 pains sur la table d’appui et de les renouveler tous les 7 jours. En lisant ce texte, on ne peut que faire le rapprochement avec le tabernacle chrétien et la lampe rouge comme signe de la présence de Dieu dans les églises.

Pourquoi nous parler du prix du blasphème et nous répéter la loi du talion que nous avons déjà lue en Exode 21 ? Pour insister tout simplement sur le fait que la loi est la même sur le territoire d’Israël pour les juifs comme pour les immigrés. On pourrait en effet supposer que le fils d’un Egyptien vivant en Palestine au milieu des hébreux n’ait pas forcément rejoint leur foi en Dieu et qu’il ait maintenu sa foi en des dieux égyptiens. Et on peut comprendre que si au cours d’une altercation il en vient à proférer un juron sur le nom du Dieu des hébreux, ce ne soit pas si grave…

Et c’est bien là que veut pointer le Lévitique : quiconque maudit le Dieu d’Israël sur le territoire d’Israël représente un danger pour la sainteté du peuple tout entier.

Je voudrais revenir sur la notion de l’espace de sainteté, car elle traverse toutes les règles que nous avons lues.

Dieu est dans le saint des saints, à l’intérieur du Temple, derrière le rideau. C’est la source d’une sainteté irradiante, une source si forte que personne ne peut y pénétrer, si ce n’est le grand-prêtre le jour de Yom Kippour. En partant de ce centre du temple (le sanctuaire) et en allant vers l’extérieur, on peut tracer une suite de cercles concentriques de degrés de sainteté descendante : le temple, l’enceinte du temple avec son parvis, la ville sainte, la terre sainte, puis les terres étrangères qui ne sont absolument pas saintes. Ces cercles concentriques délimitent des zones d’espaces, de territoires, et à chaque zone correspond une règle de sainteté ; pour s’approcher de Dieu, le peuple doit être toujours plus saint. Ceux qui profanent ces règles ou ces espaces doivent être séparés, le non-saint doit être séparé pour ne pas contaminer le peuple saint.

On comprend mieux pourquoi le grand-prêtre doit être le plus saint pour accéder au sanctuaire, que les prêtres viennent ensuite pour sacrifier dans le Temple, que les Lévites doivent être séparés des autres juifs et que les juifs eux-mêmes doivent être séparés des non-juifs. On se souvient que les pharisiens se considéraient comme « mis-à-part ».

Si on ne devait se souvenir que d’une chose concernant le Lévitique, c’est bien cette règle de la division de l’espace et des hommes selon leur degré de sainteté.

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