Le dieu trop puissant

Job 9, 1-12.14-16
octobre 2, 2024

Alors Job prit la parole et dit : Certes, je sais qu’il en est ainsi. Comment l’homme sera-t-il juste contre Dieu ?

Si l’on veut plaider contre lui, à mille mots il ne réplique pas d’un seul. Riche en sagesse ou taillé en force, qui l’a bravé et resta indemne ?

Lui qui déplace les montagnes à leur insu, qui les culbute en sa colère, il ébranle la terre de son site, et ses colonnes chancellent.

Sur son ordre le soleil ne se lève pas, il met les étoiles sous scellés. A lui seul il étend les cieux et foule les houles des mers. Il fabrique l’Ourse, Orion, et les Pléiades et les Cellules du Sud. Il fabrique des grandeurs insondables, ses merveilles épuisent les nombres.

Il passe près de moi et je ne le vois pas ; il s’en va, je n’y comprends rien. S’il fait main basse, qui l’en dissuade, qui lui dira : que fais-tu ?

Serait-ce donc moi qui répliquerais, me munirais-je de paroles contre lui ? Si même je suis juste, à quoi bon répliquer ? C’est mon accusateur qu’il me faut implorer.

Même si j’appelle, et qu’il me réponde, je ne croirais pas qu’il ait écouté ma voix.

Commentaire

Je ne peux que vous conseiller de lire ce texte de Job, c’est un poème merveilleux en termes de littérature et la traduction de la TOB est remarquable en ce qu’elle propose un texte français qui garde son caractère poétique au travers de formules superbes : « pour moi ni tranquillité, ni cesse ni repos, c’est le tourment qui vient » ; « Le mortel serait-il plus juste que Dieu ? » ; « l’imbécile c’est la rogne qui l’égorge, le naïf, la jalousie le tue » ; « Heureux l’homme que Dieu réprimande ».

Les chapitres 3 à 9 sont une série de monologues entre Job et ses amis. Le premier, Elifaz, rappelle à son ami qu’il était un maître pour ceux qui étaient dans la souffrance et l’appelle à se ressaisir « tu deviens affolé…un innocent ne meurt pas ». Il lui conseille de faire appel à Dieu en qui il convient de mettre son espérance.

Job lui répond en clamant son désespoir et son incompréhension « En quoi ai-je failli ? Montrez-le moi » (Jb 6.24). Job se lamente de ses nuits, de sa peau,   « Rappelle-toi que ma vie n'est qu'un souffle, et que mon œil ne reverra plus le bonheur ». il accuse Dieu de lui en vouloir « Pourquoi m’avoir pris pour cible ? » (Jb 7.21)

Au chapitre 8 c’est un autre ami, Bildad, qui va l’inciter à continuer de croire en Dieu et en la rétribution, en la justice de Dieu « L’espoir de l’impie périra » (Jb 8.13) et « Dieu ne méprise pas l’homme intègre » (Jb 8.20)

Et nous avons ici le début de la réponse de Job à son ami : Dieu est infiniment puissant, trop puissant pour se préoccuper d’un petit homme comme Job.

Dans le passage qui suit, Job va reprendre le fait qu’il est convaincu que Dieu lui en veut et qu’il est absolument vain de vouloir lui résister ni même l’implorer, Job est-il vraiment innocent ? Lui-même ne saurait le dire. Le reste du chapitre ne sera qu’un chant de désespoir et de solitude.

Au chapitre 11, son ami Cofar va suggérer à Job d’avouer ses crimes pour être libéré…

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