Aujourd’hui j’ai choisi plutôt Jérémie que Matthieu 16 avec le passage de la confession de Pierre et du « que chacun prenne sa croix et me suive ».
Jérémie est un prophète solitaire et malheureux, connu pour ses lamentations (Jérémiades). Il aura une vie difficile car il a choisi en -620 de prophétiser l’arrivée des Chaldéens, la destruction de Jérusalem et l’exil à Babylone. Il sera déporté en Egypte où il mourra.
Nous avons ici toute l’amertume du prophète malheureux, incompris, qui se sent abandonné et qui commence à douter. Pas seulement du bien-fondé de sa prophétie, mais aussi de sa relation avec Dieu. C’est le doute dans un Dieu qui ne répond pas, dans le Dieu silencieux, le même doute qui atteindra ceux qui seront déportés à Babylone.
Jérémie parle à un Dieu incapable de colère. Il est dans la place du croyant qui ne comprend pas mais qui espère. Dans ce texte tout chargé d’émotion, le prophète croit Dieu capable de partager son désespoir, même s’il s’enferme dans le silence.
On comprend bien que l’expression de la révolte qui gronde en lui a une force libératrice ; exprimer ses doutes permet de rebondir.
Car en fait la force de la prophétie emporte tout : il aimerait se taire, mais cela bouillonne en lui, il faut que ses paroles sortent. Nous sommes très proches du Psaume 22.2 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? J'ai beau rugir, mon salut reste loin ».
La construction par les hommes de l’image de leur Dieu se fait dans les moments de désespoir et de tristesse, dans les moments d’émotion qui se partagent au cours des générations.