Abram est donc entré dans le pays de Canaan, et il passe de sanctuaire en sanctuaire, car les noms qui sont cités dans ce passage correspondent à des lieux de culte très anciens ; l’arbre de Moré est un chêne qui se trouve près de Sichem, un arbre dont on parle aussi dans le Deutéronome 11.30. Il s’agit probablement de ces chênes de la forêt des carnutes (voir Astérix) auxquels les populations vouaient un culte ancestral qui sera ensuite qualifié d’idolâtrie.
A chaque étape, Abram va construire un autel mais n’offrira pas de sacrifice.
Ce qui est amusant, est que le nom des lieux tout comme les promesses de Dieu sont les mêmes que celles qui vont être faites à Jacob (Gn 28), le petit-fils d’Abram. On se souvient que Béthel est l’endroit où Jacob assoupi a vu les anges monter et descendre des cieux par une échelle, le lieu du puits de Jacob où la Samaritaine rencontrera Jésus dans l’évangile de Jean 4.5 (Sychar chez Jean veut dire Sichem). Or on sait que les traditions orales concernant la vie de Jacob sont très anciennes, plus que les histoires d’Abram.
Il est fort possible que nous soyons encore dans la lutte pour la terre entre les exilés revenus de Babylone et les juifs autochtones : on aurait voulu réécrire l’histoire pour dire en fait qu’Abram, premier exilé juif, était en fait le véritable créateur des sanctuaires de Sichem et de Bethel et qu’il aurait été le premier à recevoir la promesse de Dieu concernant le don de la terre à sa descendance. Ce qui ferait de l’histoire de Jacob une répétition de celle d’Abram…
Abram continue son chemin vers le sud de la Palestine.