Merveilleux texte que celui de l’appel d’Abram.
Un appel, un ordre, et 3 promesses. L’ordre est de se mettre en route à nouveau, de tout quitter pour reprendre le chemin qu’avait commencé Tèrah et qui s’était arrêté en cours de route. Quitte tout et pars.
3 promesses en échange.
Une aventure personnelle, l’Abram coincé entre son père et sa femme stérile va devenir une grande nation, son nom va devenir le nom d’une famille d’âge en âge
Un pouvoir, le critère de Dieu. Ce qu’Abram va décider, Dieu va le faire, le choix du Roi.
Un impact formidable, celui de bénir toutes les familles de la terre, devenir un exemple pour tous.
Alors évidemment, il s’agit là d’un acte de confiance incroyable. De la part de Dieu qui va proposer à cet Abram de continuer l’œuvre de bénédiction commencé en Gn 1, 28 « Dieu les bénit » et suivi en Gn 9,1 « Dieu bénit Noé et ses fils », et après chacune de ces bénédictions, l’ordre de proliférer. Acte de confiance de la part d’Abram aussi, tout quitter, abandonner son père…
Abram obéit : il prend sa femme et son neveu, son personnel et ses affaires, et il s’en va. Le texte original dira même « il sortit de Harrân », comme un enfant sort du ventre de sa mère.
Une nouvelle naissance pour Abram, la naissance du peuple juif. N’oublions pas que lorsque les auteurs écrivent ce livre, ils constituent déjà une nation, politique et religieuse ; ce sont eux qui décident de raconter la naissance de leur peuple de cette manière : un homme a tout quitté un jour pour répondre à l’appel de Dieu…
Pas mal, non ? Pour un début…
En fait, on pense que les premiers versets de ce passage sont un ajout tardif qui n’existait pas forcément dans les premières versions. Il y avait un problème en Palestine au moment du retour d’exil de Babylone, aux alentours de l’année -540 : ceux qui reviennent aimeraient bien cultiver des terres, mais celles-ci ont été prises par les juifs qui sont restés. Cela est bien expliqué dans le livre d’Ezéchiel 33.24 « Fils d'homme, les habitants de ces ruines qui se trouvent sur le sol d'Israël disent : “Abraham qui était seul prit possession du pays ; nous qui sommes nombreux, c'est à nous que le pays est donné en possession.” Le but du rajout est de montrer que ceux qui sont revenus ont suivi l’exemple d’Abram, ils ont obéi à un ordre divin de se mettre en route vers le pays de Canaan, il est donc tout-à-fait justifié qu’ils aient accès aux terres. C’est vrai qu’il y a une forte différence de style littéraire avec le dernier paragraphe qui correspond à l’écrit sacerdotal d’origine. La première partie est nettement plus romantique…