On se souvient qu’à la descente de l’arche, Noé organise un sacrifice qui plût à Dieu puisqu’il s’engage à ne plus jamais maudire la terre à cause des hommes. Et Dieu vint parler à Noé : on va retrouver dans ce passage d’origine sacerdotal le même plan que celui de Gn 1.28, la création de l’homme au 6ème jour. Si le plan et la bénédiction des deux passages sont identiques, le contenu est lui très différent, il y a du changement dans la Bible.
Alors que l’homme devait manger des fruits et des céréales (l’herbe murissante), le voilà qui devient omnivore puisqu’en plus de la charge de dominer les animaux, il va maintenant pouvoir en manger. Nous assistons ici à l’ouverture de la chasse, avec la dose de violence qu’elle nécessite.
On se souvient que Dieu n’avait pas prévu l’apparition de la violence chez l’homme, et que c’est pour cette raison qu’il organisa le déluge. Il semble qu’au moment de cette seconde création, car c’est un peu de cela qu’il s’agit, Dieu ait compris qu’il n’arriverait pas à un monde sans violence, il décide donc de l’apprivoiser, de la réglementer. Puisque l’homme a besoin d’exprimer sa violence, qu’il aille à la chasse ! Mais comme chaque fois que Dieu donne une liberté, il va y mettre une limite, tout comme la consommation de deux fruits dans le jardin d’Eden.
1ère limitation : on peut manger la chair mais pas le sang, parce que le sang est la vie. Ce qui veut dire pour faire simple, c’est qu’après la chasse, il convient d’égorger l’animal et de laisser couler le sang par terre. On trouve cela dans le Lévitique au chapitre 17 : « car la vie d’une créature est dans son sang…il en versera le sang et le couvrira de terre ». Ce que l’on appelle l’exigence de la restitution.
2ème limite : Dent pour dent, homme pour homme. Dieu semble t’il ouvre la porte à la vengeance : qui tue sera tué, c’est la loi du talion que l’on va trouver en Exode 21, 23-24. Puisque Dieu ne peut supprimer la violence, alors il va au moins tenter de la contenir. Il est possible que l’idée ici serait que l’homme qui tue son frère ayant perdu le contrôle de lui-même, il est devenu animal ; on en revient à cette préoccupation que l’homme puisse dompter son animalité intérieure.
Pour ce deuxième départ de l’humanité, l’homme part armé. Matthieu fera dire à Jésus en intimant à Pierre de remettre son épée au fourreau après avoir coupé l’oreille du soldat « ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Mt 26,52)