L’amour de l’ennemi

Nous trouvons ici un plaidoyer pour une vraie justice et le code de l’Alliance attend de l’hébreu un comportement exemplaire en termes d’éthique, qui s’applique parfaitement aux jours actuels : pas de fausse-rumeur, pas de faux-témoignage, pas de pots-de-vin… et dans cette justice, le code insiste sur le fait que le pauvre ne doit être ni favorisé ni spolié.

Et puis au milieu du passage il y a un couplet sur l’amour de l’ennemi, qui est une notion qui va elle aussi évoluer dans les codes successifs : nous avons ici une image assez limpide de la solidarité entre bergers itinérants, une entraide qui s’étend jusqu’aux ennemis. Dans le passage équivalent du Deutéronome (Dt 22, 1-4), on passe de l’ennemi au frère, sans en donner bien entendu la définition puisqu’il peut s’agir d’un frère qu’on pourrait ne pas connaître ou qui pourrait ne pas habiter près de chez soi. Dans le Lévitique enfin (Lv 19, 17-19), on passe au frère compatriote, fils de ton peuple, une solidarité nationale.

Si la joue tendue de Luc (Lc 6, 27-37) était un peu provocatrice (on se souvient que les premières communautés chrétiennes voyaient dans l’amour des ennemis une spécificité religieuse), il faut bien reconnaître que le Pentateuque avait déjà abordé le sujet bien avant. Certes la solidarité dans l’épreuve et l’amour sont deux réalités différentes, mais…