Nous avons lu la première partie du passage il y a peu de temps, mais je voudrais que l’on passe un peu de temps sur l’annonce par Jésus de sa future passion. On trouve en effet 3 annonces de la passion dans les 3 évangiles synoptiques, et quand on connait la force du chiffre 3 dans les écritures, on doit se douter que cela doit être vrai.
L’annonce commune repose sur 3 aspects : la souffrance, la mort et la résurrection. Avec quelques variantes en insistant parfois sur le rôle du Sanhédrin. Dans la 3ème annonce, dans les 3 évangiles, les auteurs ont ajouté à la souffrance les détails de la moquerie et de la flagellation, comme si la proximité de l’événement futur pouvait améliorer son anticipation. Jean ne parle d’aucune annonce.
Se pose alors la question de savoir si Jésus savait en avance ce qui allait lui arriver. Était-il au courant de sa future passion et de sa future résurrection ? En fait les historiens pensent qu’il a pu éventuellement sentir venir ses problèmes de condamnation, mais qu’il est assez peu probable qu’il ait annoncé sa résurrection : il est fort probable que ces 3 annonces étaient surtout une construction de la communauté primitive visant à conforter l’hypothèse de la résurrection dans un plan divin.
Quelques pistes de réflexion :
Jésus a certainement senti le vent tourner, il a vu le ciel s’obscurcir dans ses relations avec les administrations. Il a vu ce qui est arrivé au Baptiste, et en Luc 13,31, des pharisiens lui conseillent de partir car Hérode est à sa recherche. La tradition juive veut que la plupart des prophètes aient été tués (David par Saul, Zacharie par le peuple dans le temple, Esaïe aurait été scié en deux, Aggée et Malachie seraient aussi morts exécutés). Se retrouver dans la catégorie des prophètes est plutôt annonciateur d’une mort violente, et Jésus l’avait probablement bien anticipé.
Jésus n’a rien fait pour s’échapper : même s’il a longuement hésité avant d’aller à Jérusalem pour la fête des tentes (la discussion avec ses frères au chapitre 7) chez Jean, il a bien décidé d’y aller quand même. Il faut dire que dans tout l’évangile de Jean, Jésus décide d’aller lui-même au-devant de sa passion. Jusqu’au jardin de Gethsémani, Jésus aurait pu s’enfuir et il ne l’a pas fait. Avait-il vraiment l’idée que cela pourrait tourner aussi mal ? Pensait-il avoir une porte de sortie ?
Jésus aurait-il vraiment accepté de mourir pour les autres ? S’est-il lancé de lui-même dans le rôle du serviteur souffrant qui allait perdre sa vie pour ses amis ?
Et puis il y a cette phrase un peu déstabilisante chez Marc et chez Matthieu : « pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus avait-il pensé être sauvé à la dernière minute ? Comment cette phrase est-elle venue jusqu’à nous ? On a cru comprendre qu’il n’y avait aucun disciple au pied de la croix, qui l’a entendu prononcer ces mots-là ?
En revanche tous les évangiles sont unanimes quant à la surprise qui bouleverse les disciples à l’annonce du tombeau vide. Si Jésus leur avait effectivement annoncé sa résurrection, comment pourraient-ils être aussi surpris ? C’est la même chose avec l’effroi que déclenchent les premières rencontres avec le Réssuscité.
On voit bien que tout cela est assez compliqué, que l’on manque d’information et qu’en fait on en sait rien. Il est certain en revanche que dès le début de la vie de la communauté chrétienne, la résurrection était le sujet principal et qu’il a fallu attendre le travail de Paul pour structurer la foi chrétienne en intégrant l’enseignement de Jésus et son action. Pendant les premières années, les chrétiens ne parlaient que de la résurrection. Cette résurrection était pour eux un signe divin absolument incontournable, et il n’avaient d’autre possibilité que de construire la passion et la résurrection comme faisant partie d’un plan divin conçu d’avance. Pour conforter la nature divine de Jésus, il fallait intégrer une annonce anticipée des événements à venir, comme nous l’avons vu maintes fois dans les évangiles.
Nous ne saurons jamais si Jésus avait effectivement annoncé sa mort et sa résurrection en avance. L’important est que ce se soit effectivement passé, non ?
Or, comme il était en prière à l’écart, les disciples étaient avec lui, et il les interrogea : « Qui suis-je au dire des foules ? »
Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres, tu es un prophète d’autrefois qui est ressuscité. »
Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre, prenant la parole, répondit : « Le Christ de Dieu. »
Et lui, avec sévérité, leur ordonna de ne le dire à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Puis il dit à tous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera.
Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ?
Commentaire
Nous avons lu la première partie du passage il y a peu de temps, mais je voudrais que l’on passe un peu de temps sur l’annonce par Jésus de sa future passion. On trouve en effet 3 annonces de la passion dans les 3 évangiles synoptiques, et quand on connait la force du chiffre 3 dans les écritures, on doit se douter que cela doit être vrai.
L’annonce commune repose sur 3 aspects : la souffrance, la mort et la résurrection. Avec quelques variantes en insistant parfois sur le rôle du Sanhédrin. Dans la 3ème annonce, dans les 3 évangiles, les auteurs ont ajouté à la souffrance les détails de la moquerie et de la flagellation, comme si la proximité de l’événement futur pouvait améliorer son anticipation. Jean ne parle d’aucune annonce.
Se pose alors la question de savoir si Jésus savait en avance ce qui allait lui arriver. Était-il au courant de sa future passion et de sa future résurrection ? En fait les historiens pensent qu’il a pu éventuellement sentir venir ses problèmes de condamnation, mais qu’il est assez peu probable qu’il ait annoncé sa résurrection : il est fort probable que ces 3 annonces étaient surtout une construction de la communauté primitive visant à conforter l’hypothèse de la résurrection dans un plan divin.
Quelques pistes de réflexion :
Jésus a certainement senti le vent tourner, il a vu le ciel s’obscurcir dans ses relations avec les administrations. Il a vu ce qui est arrivé au Baptiste, et en Luc 13,31, des pharisiens lui conseillent de partir car Hérode est à sa recherche. La tradition juive veut que la plupart des prophètes aient été tués (David par Saul, Zacharie par le peuple dans le temple, Esaïe aurait été scié en deux, Aggée et Malachie seraient aussi morts exécutés). Se retrouver dans la catégorie des prophètes est plutôt annonciateur d’une mort violente, et Jésus l’avait probablement bien anticipé.
Jésus n’a rien fait pour s’échapper : même s’il a longuement hésité avant d’aller à Jérusalem pour la fête des tentes (la discussion avec ses frères au chapitre 7) chez Jean, il a bien décidé d’y aller quand même. Il faut dire que dans tout l’évangile de Jean, Jésus décide d’aller lui-même au-devant de sa passion. Jusqu’au jardin de Gethsémani, Jésus aurait pu s’enfuir et il ne l’a pas fait. Avait-il vraiment l’idée que cela pourrait tourner aussi mal ? Pensait-il avoir une porte de sortie ?
Jésus aurait-il vraiment accepté de mourir pour les autres ? S’est-il lancé de lui-même dans le rôle du serviteur souffrant qui allait perdre sa vie pour ses amis ?
Et puis il y a cette phrase un peu déstabilisante chez Marc et chez Matthieu : « pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus avait-il pensé être sauvé à la dernière minute ? Comment cette phrase est-elle venue jusqu’à nous ? On a cru comprendre qu’il n’y avait aucun disciple au pied de la croix, qui l’a entendu prononcer ces mots-là ?
En revanche tous les évangiles sont unanimes quant à la surprise qui bouleverse les disciples à l’annonce du tombeau vide. Si Jésus leur avait effectivement annoncé sa résurrection, comment pourraient-ils être aussi surpris ? C’est la même chose avec l’effroi que déclenchent les premières rencontres avec le Réssuscité.
On voit bien que tout cela est assez compliqué, que l’on manque d’information et qu’en fait on en sait rien. Il est certain en revanche que dès le début de la vie de la communauté chrétienne, la résurrection était le sujet principal et qu’il a fallu attendre le travail de Paul pour structurer la foi chrétienne en intégrant l’enseignement de Jésus et son action. Pendant les premières années, les chrétiens ne parlaient que de la résurrection. Cette résurrection était pour eux un signe divin absolument incontournable, et il n’avaient d’autre possibilité que de construire la passion et la résurrection comme faisant partie d’un plan divin conçu d’avance. Pour conforter la nature divine de Jésus, il fallait intégrer une annonce anticipée des événements à venir, comme nous l’avons vu maintes fois dans les évangiles.
Nous ne saurons jamais si Jésus avait effectivement annoncé sa mort et sa résurrection en avance. L’important est que ce se soit effectivement passé, non ?
Calendrier
Évangiles
Catégories
Intro
Avant-Propos
La foi c'est quoi?