Il y a des différences sensibles entre les 4 évangiles. Chez Marc, les femmes entrent dans le tombeau et y trouvent un homme en blanc qui leur demande d’aller annoncer à Pierre qu’il attend ses disciples en Galilée : les femmes ont tellement peur qu’elles ne dirent rien à personne (c’est ainsi que s’achève l’évangile original de Marc). Chez Matthieu, c’est un peu la même scène mais la terre tremble un peu (elle tremble souvent chez Matthieu). C’est l’ange qui roule la pierre, ce sont les gardes qui sont terrorisés. Les femmes sont dans la crainte, certes, mais aussi dans la joie et courent annoncer la nouvelle ; en chemin elles rencontrent Jésus…Chez Luc nous avons deux anges et les disciples ne crurent pas cette femme, sauf Pierre qui courut et fut étonné.
Chez Jean nous assistons à un théâtre d’ombres, car il est certain que Marie-Magdeleine n’est pas allée seule et de nuit jusqu’au tombeau. Elle voit que quelque chose cloche avec le tombeau ouvert, et elle n’essaie même pas d’en savoir plus, elle court immédiatement. J’en profite pour vous conseiller un très beau poème d’Edith Stein « Obscure est la nuit du tombeau ». Cela doit être un trait d’intuition féminine ; rien qu’en voyant la porte ouverte, elle en a déduit que le corps de Jésus avait été enlevé…
Deuxième course, très politique celle-ci, entre Pierre et le disciple bien-aimé. Cela fait partie des passages revus et corrigés pour l’intégration de la communauté johannique dans l’église de Pierre. Le disciple bien-aimé arrive le premier certes, mais s’il jette bien un coup d’œil à l’intérieur, il laisse l’honneur à Pierre d’entrer le premier.
Il y a tout un jeu de mots sur la notion de voir et de croire. En grec, il y a plusieurs façons de voir : il y a le fonctionnement normal de l’œil, la vision oculaire. Il y a une vision qui constate, qui exprime un fait, une certaine compréhension de ce qui s’observe. Et puis il y a une vison plus profonde qui permet de bien saisir les conséquences de ce qu’on voit. Il nous faut être attentif au texte. Marie Magdeleine ne voit rien en fait, son œil s’est arrêté sur la porte ouverte et elle a imaginé que le corps avait été enlevé. Pierre voit bien, il a le temps de constater les linges pliés, mais il s’interdit presque d’en tirer une conclusion qui pourrait se montrer un peu trop hâtive. C’est un vrai scientifique et s’il émet des hypothèses, il les garde pour lui.
« Il vit et il crut ». Dit comme cela, on pourrait croire que le disciple bien-aimé a fait le lien avec l’annonce de la résurrection et qu’il en a déduit que Jésus est ressuscité…c’est aller un peu vite en besogne. Ce que comprend le disciple bien-aimé, c’est qu’il se passe quelque chose de divin, au sens d’extraordinaire ; il n’en est pas surpris, il connaît suffisamment bien Jésus pour savoir qu’avec lui il faut s’attendre à tout. Il a vécu la résurrection de Lazare et le besoin d’un tiers pour enlever les linges, il sait qu’un juif ne pourrait pas toucher directement un cadavre au risque de devenir impur pour Pâque, il comprend donc que ce n'est pas la version de Marie-Magdeleine, il comprend que personne n’est venu enlever le cadavre de Jésus. Il comprend que Jésus est en vie : là où Pierre a vu l’absence, le disciple a vu la vie. Mais il na pas encore fait le lien avec la résurrection annoncée de Jésus, c’est bien ce que nous dit Jean au v.9. Et c’est pour cela que les deux témoins rentrent chez eux : ils ont vu, mais ils n’ont rien compris. Le disciple bien-aimé a bien cru que Jésus était en vie, de là à comprendre ce qui s’est passé…
Comme le dit si bien Edith Stein :
Sans bruit, il sort de la grotte
dans l’aube naissante, paisible, d’une paix matinale,
une brume légère couvre la terre …
Le premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court, rejoint Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Alors Pierre sortit, ainsi que l’autre disciple, et ils allèrent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
Il se penche et voit les bandelettes qui étaient posées là. Toutefois il n’entra pas.
Arrive, à son tour, Simon-Pierre qui le suivait ; il entre dans le tombeau et considère les bandelettes posées là et le linge qui avait recouvert la tête ; celui-ci n’avait pas été déposé avec les bandelettes, mais il était roulé à part, dans un autre endroit.
C’est alors que l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entra à son tour dans le tombeau ; il vit et il crut.
En effet, ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts.
Après quoi, les disciples s’en retournèrent chez eux.
Commentaire
Il y a des différences sensibles entre les 4 évangiles. Chez Marc, les femmes entrent dans le tombeau et y trouvent un homme en blanc qui leur demande d’aller annoncer à Pierre qu’il attend ses disciples en Galilée : les femmes ont tellement peur qu’elles ne dirent rien à personne (c’est ainsi que s’achève l’évangile original de Marc). Chez Matthieu, c’est un peu la même scène mais la terre tremble un peu (elle tremble souvent chez Matthieu). C’est l’ange qui roule la pierre, ce sont les gardes qui sont terrorisés. Les femmes sont dans la crainte, certes, mais aussi dans la joie et courent annoncer la nouvelle ; en chemin elles rencontrent Jésus…Chez Luc nous avons deux anges et les disciples ne crurent pas cette femme, sauf Pierre qui courut et fut étonné.
Chez Jean nous assistons à un théâtre d’ombres, car il est certain que Marie-Magdeleine n’est pas allée seule et de nuit jusqu’au tombeau. Elle voit que quelque chose cloche avec le tombeau ouvert, et elle n’essaie même pas d’en savoir plus, elle court immédiatement. J’en profite pour vous conseiller un très beau poème d’Edith Stein « Obscure est la nuit du tombeau ». Cela doit être un trait d’intuition féminine ; rien qu’en voyant la porte ouverte, elle en a déduit que le corps de Jésus avait été enlevé…
Deuxième course, très politique celle-ci, entre Pierre et le disciple bien-aimé. Cela fait partie des passages revus et corrigés pour l’intégration de la communauté johannique dans l’église de Pierre. Le disciple bien-aimé arrive le premier certes, mais s’il jette bien un coup d’œil à l’intérieur, il laisse l’honneur à Pierre d’entrer le premier.
Il y a tout un jeu de mots sur la notion de voir et de croire. En grec, il y a plusieurs façons de voir : il y a le fonctionnement normal de l’œil, la vision oculaire. Il y a une vision qui constate, qui exprime un fait, une certaine compréhension de ce qui s’observe. Et puis il y a une vison plus profonde qui permet de bien saisir les conséquences de ce qu’on voit. Il nous faut être attentif au texte. Marie Magdeleine ne voit rien en fait, son œil s’est arrêté sur la porte ouverte et elle a imaginé que le corps avait été enlevé. Pierre voit bien, il a le temps de constater les linges pliés, mais il s’interdit presque d’en tirer une conclusion qui pourrait se montrer un peu trop hâtive. C’est un vrai scientifique et s’il émet des hypothèses, il les garde pour lui.
« Il vit et il crut ». Dit comme cela, on pourrait croire que le disciple bien-aimé a fait le lien avec l’annonce de la résurrection et qu’il en a déduit que Jésus est ressuscité…c’est aller un peu vite en besogne. Ce que comprend le disciple bien-aimé, c’est qu’il se passe quelque chose de divin, au sens d’extraordinaire ; il n’en est pas surpris, il connaît suffisamment bien Jésus pour savoir qu’avec lui il faut s’attendre à tout. Il a vécu la résurrection de Lazare et le besoin d’un tiers pour enlever les linges, il sait qu’un juif ne pourrait pas toucher directement un cadavre au risque de devenir impur pour Pâque, il comprend donc que ce n'est pas la version de Marie-Magdeleine, il comprend que personne n’est venu enlever le cadavre de Jésus. Il comprend que Jésus est en vie : là où Pierre a vu l’absence, le disciple a vu la vie. Mais il na pas encore fait le lien avec la résurrection annoncée de Jésus, c’est bien ce que nous dit Jean au v.9. Et c’est pour cela que les deux témoins rentrent chez eux : ils ont vu, mais ils n’ont rien compris. Le disciple bien-aimé a bien cru que Jésus était en vie, de là à comprendre ce qui s’est passé…
Comme le dit si bien Edith Stein :
Sans bruit, il sort de la grotte
dans l’aube naissante, paisible, d’une paix matinale,
une brume légère couvre la terre …
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