L’humiliation par les soldats

Passion selon St. Jean 18,38b-19, 8
avril 12, 2025

Sur ce mot, il alla de nouveau trouver les Juifs au-dehors et leur dit : « Pour ma part, je ne trouve contre lui aucun chef d’accusation.

Mais comme il est d’usage chez vous que je vous relâche quelqu’un au moment de la Pâque, voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » Alors ils se mirent à crier : « Pas celui-là, mais Barabbas ! » Or ce Barabbas était un brigand. 

Alors Pilate emmena Jésus et le fit fouetter.

Les soldats, qui avaient tressé une couronne avec des épines, la lui mirent sur la tête et ils jetèrent sur lui un manteau de pourpre. Ils s’approchaient de lui et disaient : « Salut, le roi des Juifs ! » et ils se mirent à lui donner des coups.

Pilate retourna à l’extérieur et dit aux Juifs : « Voyez, je vais vous l’amener dehors : vous devez savoir que je ne trouve aucun chef d’accusation contre lui. »

Jésus vint alors à l’extérieur ; il portait la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Pilate leur dit : « Voici l’homme ! »

Mais dès que les grands prêtres et leurs gens le virent, ils se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le ; quant à moi, je ne trouve pas de chef d’accusation contre lui. »

Les Juifs lui répliquèrent : « Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu ! » Lorsque Pilate entendit ce propos, il fut de plus en plus effrayé.

Commentaire

Cette histoire de Barabbas est un peu fumeuse car on n’a pas trouvé une quelconque trace historique d’une amnistie pascale à Jérusalem du temps des romains ; on a certes connus quelques amnisties collectives après des manifestations, mais il n’y a eu qu’un seul exemple d’amnistie particulière. Pilate aurait-il trouvé une idée géniale ? C’était sans compter avec la détermination des chefs juifs qui ont préféré libérer un bandit reconnu coupable que le Nazôréen qui leur cherchait querelle.

Retour à l’intérieur pour une scène qui sort tout droit de la coutume de la Saturnale : il s’agissait au temps des romains d’une fête organisée au solstice d’hiver en l’honneur de Saturne, le dieu du temps, au cours de laquelle on se moquait des hiérarchies, les esclaves devenant des maîtres servis à table par les vrais maîtres. On avait aussi pour habitude de déguiser un esclave en roi, le roi de la fête (c’est de là que vient le roi de la galette).

Cette scène est organisée par Pilate lui-même, et les soldats dont on parle ici sont bien les soldats romains. L’objectif de Pilate est vraiment d’humilier Jésus, cela fait partie de son exercice de la question (au sens d’un interrogatoire musclé) ; on se souvient qu’il est important pour le gouverneur de démontrer une instruction sérieuse pour condamner un homme, mais cela ne suffira pas : Pilate va annoncer par 3 fois qu’il trouve Jésus innocent (on se souvient de l’importance du chiffre 3 chez Jean et pour les vérités bibliques).

En lisant le récit de ce passage, on ne peut que penser au serviteur souffrant du livre d’Esaïe 53.3 « Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l'on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l'estimions nullement… Brutalisé, il s'humilie ; il n'ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l'abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n'ouvre pas la bouche ».

Retour à l’extérieur : Pilate sent monter la pression des juifs au moment où il va tenter de leur repasser le problème : lui-même a peur de la foule, en tout cas, selon Jean. Les juifs ont enfin émis leur accusation : c’est le blasphème, se faire appeler du nom de Fils de Dieu. Lévitique 24.15 « Et tu parleras ainsi aux fils d'Israël : Si un homme insulte son Dieu, il doit porter le poids de son péché ; ainsi celui qui blasphème le nom du SEIGNEUR sera mis à mort : toute la communauté le lapidera ; émigré ou indigène, il sera mis à mort pour avoir blasphémé le NOM ». Le problème n’est plus le titre de « roi des Juifs » mais celui de « Fils de Dieu ».

Le bon mot du jour : Voici l’homme, Ecce homo. Les paroles de Jean ont été récupérées à volonté par les amateurs de peinture (c’est le titre qu’ont donné plusieurs peintres aux tableaux représentant Jésus avec sa couronne d’épines), de musique et de littérature (Nietzsche pour ne citer que lui). En fait, ce mot chez Jean porte un double sens : voici l’homme et non le roi, mais aussi voici l’homme et non le dieu (on se souvient que la communauté johannique s’est dissoute plus tard pour une question de gnosticisme, certains réfutant la nature humaine du Christ).

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