Le 1er interrogatoire de Pilate

Passion selon St. Jean 18, 28-38a
avril 11, 2025

Cependant on avait emmené Jésus de chez Caïphe à la résidence du gouverneur. C’était le point du jour. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans la résidence pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque.

Pilate vint donc les trouver à l’extérieur et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »

Ils répondirent : « Si cet individu n’avait pas fait le mal, te l’aurions-nous livré ? »

Pilate leur dit alors : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort ! » C’est ainsi que devait s’accomplir la parole par laquelle Jésus avait signifié de quelle mort il devait mourir.

Pilate rentra donc dans la résidence. Il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui répondit : « Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? »

Pilate lui répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta propre nation, les grands prêtres t’ont livré à moi ! Qu’as-tu fait ? »

Jésus répondit : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, les miens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais ma royauté, maintenant, n’est pas d’ici. »

Pilate lui dit alors : « Tu es donc roi ? » Jésus lui répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »  Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Commentaire

Que s’est-il passé chez Caïphe ? Nul ne le sait, en tout cas l’évangile ne nous fournit aucun renseignement. On se retrouve directement chez Pilate.

Ponce Pilate était le procurateur romain basé à Césarée de Philippes mais venu exceptionnellement à Jérusalem pour la fête de la Pâque : l’afflux de très nombreux pèlerins laissaient envisager un risque de troubles éventuels. Dans ce genre de circonstance un peu exceptionnelle, il a tout pouvoir pour maintenir l’ordre public ; il peut condamner à mort sans jury ni témoins, mais pas sans avoir conduit une instruction solide et documentée (le pouvoir romain apprécie les archives). C’est pour cela que dans l’interrogatoire qui va suivre, Pilate va chercher des faits qui puissent justifier d’une condamnation.

Le livre des Nombres au chapitre 9 définit clairement les règles de pureté pour qui veut célébrer la Pâque ; si le fidèle est impur, il peut célébrer plus tard. Il est donc vrai que si les juifs veulent célébrer leur Pâque le lendemain, il faut à tout prix qu’ils évitent de pénétrer dans la maison d’un païen, et s’il y a quelque chose dont on soit bien sûr, c’est que Pilate était un personnage impur.

Les juifs vont donc rester à l’extérieur du palais alors que Jésus est à l’intérieur : nous allons assister à un véritable balai d’allers-et-retours (pas moins de 7) de Pilate entre l’intérieur et l’extérieur du palais.

Dans un premier temps, Pilate va chercher à se débarrasser du problème, car il ne veut absolument pas s’immiscer dans des affaires juives. En fait, les juifs avaient négocié avec le pouvoir romain de garder leur droit et leur juridiction, ce que Rome avait accepté pour les crimes de droit privé voire de droit public, pour peu que le public concerné soit la communauté juive. En fait, le Sanhédrin avait le droit de condamner à mort un infidèle qui ce serait aventuré dans le sein du Temple, mais il est probable que Pilate leur ait même retiré ce droit par manque de confiance. Or il est clair que les juifs visent la condamnation à mort, ce qui va obliger Pilate à instruire le cas Jésus. On trouve déjà cette idée de condamnation à mort au chapitre 12.32 « Pour moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. » Par ces paroles il indiquait de quelle mort il allait mourir ».

L’échange avec Jésus va se faire sur la notion de Royauté, avec un jeu de mots tel que Jean les apprécie. Un royaume pour Pilate signifie un espace et un pouvoir politique, et il n’a aucune idée de ce qu’est le royaume eschatologique dont lui parle Jésus. Pour Pilate, la notion de vie après la mort n’a aucune dimension, il ne sait même pas ce que peut être la transcendance. Les deux hommes sont rapidement dans un discours de sourds. Quant à la vérité dont parle Jean (Jn 14.6 Je suis le chemin et la vérité et la vie), Pilate n’a pas la moindre idée de ce qu’elle peut bien vouloir signifier. Jésus comme fils de Dieu est une idée qu’il ne peut atteindre…

Deux très jolies tournures :

« est-ce que je suis juif, moi ? » Pas mal pour celui que l’on sait absolument opposé au peuple juif, qui va se montrer un de ses plus virulents persécuteurs.

« qu’est-ce que la vérité ? » On pourrait avoir tendance aujourd’hui à voir dans cette expression une puissante interpellation philosophique, mais elle ne l’est pas. On pourrait nous-mêmes se la poser parfois. Qu’est-ce que la vérité pour Jean l’évangéliste ?  On comprend bien que la vérité pour Jean est la réalité de Dieu et de son fils incarné. Si Jean met cette question dans la bouche de Pilate, c’est simplement pour montrer son incapacité de réfléchir à certains éléments métaphysiques, voire simplement intellectuels.

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