Sans que l’on sache vraiment pourquoi, l’évangile de Jean fait passer Jésus chez Hanne, le beau-père de Caïphe, avant de suivre au Sanhédrin.
Hanne a été grand-prêtre entre les années 6 et 15, il a été destitué par le préfet romain Valerius Gratius, probablement parce qu’il n’avait pas su montrer patte blanche au pouvoir romain. Après une série de 4 personnages au parcours succinct, c’est le gendre de Hanne qui est nommé grand-prêtre par le pouvoir romain, et il le restera entre les années 18 et 36. Il a su devenir un grand ami de Ponce Pilate, alors que ce dernier avait avec le peuple juif des relations très difficiles. Hanne et Caïphe sont des Sadducéens, une famille de grand-prêtres très traditionnelle : ils ne croient ni en l’âme ni en sa résurrection. Même en étant destitué de ses fonctions, Hanne va garder le titre de grand-prêtre et va contrôler tout le commerce lié aux animaux pour les sacrifices du Temple. Bref il est resté très influent, on pense même que c’est lui qui tire les ficelles au Temple, et c’est probablement lui qui a mis en place le piège contre Jésus. Il fallait faire vite avant le soir de Pâque, Caïphe est donc parti réunir le Sanhédrin (71 sages) alors que Hanne s’est occupé d’une première audition. Hanne aura un fils, Hanne ben Hanan, qui condamnera Jacques, le frère de Jésus, à la lapidation en l’an 62.
Jésus arrive ligoté et repartira ligoté : c’est le traitement que l’on réserve aux vaincus dans les défilés des généraux victorieux à Rome. Jean insiste pour nous montrer que dans cette première partie de la passion, le monde est victorieux du Juste. Ni accusation, ni enquête, ni témoins, ni condamnation officielle…mais Jésus repart ligoté.
Hanne interroge Jésus sur son enseignement et sur ses disciples, aucun fait ne lui est reproché. Il semble qu’il s’agisse plus d’une audition que d’un interrogatoire. Jésus ne se montre pas très bavard, il répond plutôt en citant notre chapitre 45 d’Esaïe : 45.19 « Je n'ai pas parlé en cachette, dans un coin ténébreux de la terre, je n'ai pas dit à la descendance de Jacob : « Cherchez-moi dans le vide ! » C'est moi le SEIGNEUR : je dis ce qui est juste, j'annonce ce qui est droit ! » On se doute bien que Hanne a dû apprécier…Ce que Jean n’évite pas de nous montrer est que l’enseignement de Jésus a été un échec : certains juifs ont écouté, mais bien peu ont réellement entendu, et de toute évidence, l’information n’est pas montée au sommet de la pyramide de l’organisation juive. La gifle du serviteur permet de comprendre qu’il n’est pas encore né celui qui fera taire Jésus.
Et puis il y a les 3 renoncements de Pierre, les 3 « je ne suis pas » qui viennent s’opposer aux 3 « je suis » de Jésus dans le jardin. Au-delà de la construction littéraire qui ne manque pas d’habileté, ce passage est une charge contre Pierre, à un moment où entre en scène le disciple bien-aimé : on voit que ce dernier s’enfonce dans le palais car il connaît le grand-prêtre. Et si Pierre avance un peu plus dans la cour, ce sera uniquement parce que le Disciple bien-aimé va lui fournir un ticket d’entrée. Le texte suggère d’ailleurs que ce dernier va suivre Jésus dans le palais alors que Pierre va devoir rester dehors dans la cour, à partager le feu avec les méchants et les serviteurs. De plus, alors que chez Luc Pierre va se mettre à pleurer lors du chant du coq (Lc 22, 62), ici aucun remord ne semble le troubler.
Le triple reniement de pierre montre la solitude du Christ en face de sa passion.
La cohorte avec son commandant et les gardes des Juifs saisirent donc Jésus, et ils le ligotèrent. Ils le conduisirent tout d’abord chez Hanne. Celui-ci était le beau-père de Caïphe, qui était le Grand Prêtre cette année-là ; c’est ce même Caïphe qui avait suggéré aux Juifs : il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.
Simon-Pierre et un autre disciple avaient suivi Jésus. Comme ce disciple était connu du Grand Prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du Grand Prêtre.
Pierre se tenait à l’extérieur, près de la porte ; l’autre disciple, celui qui était connu du Grand Prêtre, sortit, s’adressa à la femme qui gardait la porte et fit entrer Pierre.
La servante qui gardait la porte lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme ? » Pierre répondit : « Je n’en suis pas ! »
Les serviteurs et les gardes avaient fait un feu de braise car il faisait froid et ils se chauffaient ; Pierre se tenait avec eux et se chauffait aussi.
Le Grand Prêtre se mit à interroger Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : « J’ai parlé ouvertement au monde, j’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le temple où tous les Juifs se rassemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi est-ce moi que tu interroges ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui m’ont écouté : ils savent bien ce que j’ai dit. »
A ces mots, un des gardes qui se trouvait là gifla Jésus en disant : « C’est ainsi que tu réponds au Grand Prêtre ? » Jésus lui répondit : « Si j’ai mal parlé, montre en quoi ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »
Là-dessus, Hanne envoya Jésus ligoté à Caïphe, le Grand Prêtre.
Cependant Simon-Pierre était là qui se chauffait. On lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » Pierre nia en disant : « Je n’en suis pas ! »
Un des serviteurs du Grand Prêtre, parent de celui auquel Pierre avait tranché l’oreille, lui dit : « Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ? » A nouveau Pierre le nia, et au même moment un coq chanta.
Commentaire
Sans que l’on sache vraiment pourquoi, l’évangile de Jean fait passer Jésus chez Hanne, le beau-père de Caïphe, avant de suivre au Sanhédrin.
Hanne a été grand-prêtre entre les années 6 et 15, il a été destitué par le préfet romain Valerius Gratius, probablement parce qu’il n’avait pas su montrer patte blanche au pouvoir romain. Après une série de 4 personnages au parcours succinct, c’est le gendre de Hanne qui est nommé grand-prêtre par le pouvoir romain, et il le restera entre les années 18 et 36. Il a su devenir un grand ami de Ponce Pilate, alors que ce dernier avait avec le peuple juif des relations très difficiles. Hanne et Caïphe sont des Sadducéens, une famille de grand-prêtres très traditionnelle : ils ne croient ni en l’âme ni en sa résurrection. Même en étant destitué de ses fonctions, Hanne va garder le titre de grand-prêtre et va contrôler tout le commerce lié aux animaux pour les sacrifices du Temple. Bref il est resté très influent, on pense même que c’est lui qui tire les ficelles au Temple, et c’est probablement lui qui a mis en place le piège contre Jésus. Il fallait faire vite avant le soir de Pâque, Caïphe est donc parti réunir le Sanhédrin (71 sages) alors que Hanne s’est occupé d’une première audition. Hanne aura un fils, Hanne ben Hanan, qui condamnera Jacques, le frère de Jésus, à la lapidation en l’an 62.
Jésus arrive ligoté et repartira ligoté : c’est le traitement que l’on réserve aux vaincus dans les défilés des généraux victorieux à Rome. Jean insiste pour nous montrer que dans cette première partie de la passion, le monde est victorieux du Juste. Ni accusation, ni enquête, ni témoins, ni condamnation officielle…mais Jésus repart ligoté.
Hanne interroge Jésus sur son enseignement et sur ses disciples, aucun fait ne lui est reproché. Il semble qu’il s’agisse plus d’une audition que d’un interrogatoire. Jésus ne se montre pas très bavard, il répond plutôt en citant notre chapitre 45 d’Esaïe : 45.19 « Je n'ai pas parlé en cachette, dans un coin ténébreux de la terre, je n'ai pas dit à la descendance de Jacob : « Cherchez-moi dans le vide ! » C'est moi le SEIGNEUR : je dis ce qui est juste, j'annonce ce qui est droit ! » On se doute bien que Hanne a dû apprécier…Ce que Jean n’évite pas de nous montrer est que l’enseignement de Jésus a été un échec : certains juifs ont écouté, mais bien peu ont réellement entendu, et de toute évidence, l’information n’est pas montée au sommet de la pyramide de l’organisation juive. La gifle du serviteur permet de comprendre qu’il n’est pas encore né celui qui fera taire Jésus.
Et puis il y a les 3 renoncements de Pierre, les 3 « je ne suis pas » qui viennent s’opposer aux 3 « je suis » de Jésus dans le jardin. Au-delà de la construction littéraire qui ne manque pas d’habileté, ce passage est une charge contre Pierre, à un moment où entre en scène le disciple bien-aimé : on voit que ce dernier s’enfonce dans le palais car il connaît le grand-prêtre. Et si Pierre avance un peu plus dans la cour, ce sera uniquement parce que le Disciple bien-aimé va lui fournir un ticket d’entrée. Le texte suggère d’ailleurs que ce dernier va suivre Jésus dans le palais alors que Pierre va devoir rester dehors dans la cour, à partager le feu avec les méchants et les serviteurs. De plus, alors que chez Luc Pierre va se mettre à pleurer lors du chant du coq (Lc 22, 62), ici aucun remord ne semble le troubler.
Le triple reniement de pierre montre la solitude du Christ en face de sa passion.
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